"Je vais envoyer des troupes américaines en Europe de l'Est et dans les pays de l'OTAN prochainement, pas beaucoup", a annoncé vendredi le 46e président des Etats-Unis d'Amérique, sans plus de précision. Washington a déjà placé 8500 militaires en alerte pour renforcer l'OTAN.
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a estimé qu'avec plus de 100'000 soldats russes déployés aux frontières ukrainiennes, la Russie avait amassé des forces suffisantes pour une invasion. Il a toutefois souligné qu'un conflit entre l'Ukraine et la Russie n'était "pas inéluctable". "Il reste du temps et du champ pour la diplomatie", a-t-il ajouté.
Appel au calme de Kiev
A Londres, Boris Johnson s'est dit "déterminé à accélérer les efforts diplomatiques et à renforcer la dissuasion pour éviter une effusion de sang en Europe", selon une porte-parole de Downing Street vendredi soir. Le Premier ministre britannique doit s'entretenir dans les prochains jours avec le président russe Vladimir Poutine, avant un déplacement dans la région.
"La probabilité de l'attaque existe; elle n'a pas disparu et elle n'a pas été moins grave en 2021", mais "nous ne voyons pas d'escalade supérieure à celle qui existait" l'année dernière, a de son côté déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
"Nous n'avons pas besoin de cette panique", a-t-il souligné, tout en appelant la Russie à "faire des pas pour prouver" qu'elle ne va pas passer à l'attaque. "Le plus grand risque pour l'Ukraine" actuellement, c'est "la déstabilisation de la situation à l'intérieur du pays", a-t-il estimé.
"Climat propice au dialogue"
Lors d'une conversation avec le président français Emmanuel Macron vendredi, Violodymir Zelensky a appelé à "multiplier des rencontres et négociations [...] pendant qu'un climat propice au dialogue existe", selon un communiqué de Kiev. "Tant que des efforts diplomatiques se poursuivent, la probabilité d'une escalade baisse."
La Russie dément elle tout projet d'invasion, mais s'estime menacée par l'expansion de l'OTAN depuis 20 ans et par le soutien occidental à l'Ukraine. Elle a lié la désescalade à la fin de la politique d'élargissement de l'alliance atlantique, notamment à l'Ukraine, et au retour des déploiements militaires occidentaux aux frontières de 1997.
Les Etats-Unis et l'OTAN ont formellement rejeté mercredi ces demandes. "Les réponses des Etats-Unis et de l'OTAN n'ont pas tenu compte des inquiétudes fondamentales de la Russie", a relevé le Kremlin dans un communiqué consacré à l'entretien téléphonique entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, vendredi matin.
"Aucune intention offensive"
"Le président Poutine n'a exprimé aucune intention offensive", a noté la présidence française, ajoutant que les deux dirigeants sont convenus de la "nécessité d'une désescalade" et d'une poursuite du "dialogue."
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Les Européens et les Américains ont promis des sanctions féroces et sans précédent en cas d'attaque contre l'Ukraine. Ont été évoqués le gazoduc stratégique Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, ou encore l'accès des Russes aux transactions en dollars, la monnaie reine dans les échanges internationaux.
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Washington et l'Union européenne ont affirmé vendredi dans une déclaration commune qu'ils travaillaient à la fourniture de "volumes supplémentaires de gaz naturel" destinés à l'Europe, afin de faire face à un éventuel contre-coup d'une "nouvelle invasion russe de l'Ukraine".
ats/ther
La France compte envoyer des centaines de soldats en Roumanie
La France compte elle aussi envoyer "plusieurs centaines" de ses soldats en Roumanie dans le cadre d'un éventuel déploiement de l'Otan, a déclaré samedi sa ministre des Armées, quand le ministre des Affaires étrangères français a annoncé une visite conjointe en Ukraine début février avec son homologue allemande.
"C'est la raison pour laquelle je me suis rendue en Roumanie jeudi. Nous avons évidemment échangé avec nos partenaires roumains sur cette question", a expliqué sur la radio France inter la ministre des Armées Florence Parly, après que le président Macron a annoncé le 19 janvier la "disponibilité" de la France à s'engager "sur de nouvelles missions", "en particulier en Roumanie".