Aux prises avec l'inflation, la Hongrie bloque les prix de certaines denrées alimentaires
Malgré l'hiver glacial, Agota va faire ses courses en chaussures d'été. C'est sa seule paire de chaussures. Cette ancienne ingénieure a une petite retraite, environ 400 euros par mois, alors elle est ravie du gel des prix.
"C'est tout à fait normal qu'un gouvernement fasse ça. Regardez comme la vie est chère en Europe de l'Ouest; ici on est mieux lotis. La liberté des prix, c'est bon pour les riches, pas pour les autres!", s'exclame-t-elle.
Depuis mardi donc, des denrées comme la farine, le sucre, le blanc et la carcasse de poulet ou encore l'huile de tournesol voient leurs prix plafonnés. Une décision qui sera toutefois limitée dans le temps, jusqu'au 1er mai 2022. C'est ce que déplore Böbe, une retraitée qui n'achète jamais de viande car elle est trop chère pour elle.
"C'est trompeur, dans 3 mois, les prix augmenteront à nouveau! Et ça ne concerne pas le fromage blanc, la viande, le pain… Certains produits ont augmenté de 20 %! Alors que la hausse des retraites n'est que de 5%. Une fois que j'ai payé mes médicaments et les factures d'énergie, il me reste juste un peu pour manger. On ne peut pas vivre avec ça!", tonne-t-elle.
Une opération de communication?
Pour Miklos Hargitai, journaliste au quotidien d'opposition Népszava, cette mesure est une opération de communication, à quelques semaines des élections.
"Cette mesure populiste va sans doute remonter le moral des gens. Mais le problème principal, ce n'est pas que les prix sont élevés, c'est que les salaires sont très bas!", juge-t-il.
Depuis le début de l'année, le salaire minimum a été revalorisé à 360 euros nets, soit une hausse de 20%. Malgré cela, la Hongrie reste l'un des pays d'Europe où les salaires sont les plus bas.
Florence Labruyère/ther