Son voyage doit d'abord la mener à Bruxelles pour des réunions au niveau de l'OTAN afin de "renforcer la résilience au niveau national et au niveau de l'alliance en matière de cybersécurité, qu'il s'agisse de dissuasion comme de riposte à une nouvelle agression de la Russie contre l'Ukraine, les pays voisins et nos pays respectifs", selon des sources, qui ont requis l'anonymat.
Anne Neuberger doit ensuite se rendre en Pologne pour des discussions avec ses homologues polonais et des pays baltes. Des consultations avec les membres de l'OTAN en Europe de l'Est, ainsi que des échanges avec ses homologues français et allemand sont également prévus.
Réseaux de communication et d'électricité ciblés
"Notre but est d'assurer que les Etats-Unis et nos alliés sont prêts à tout en matière de cybersécurité. (...) Nous allons discuter de la manière de nous coordonner et de porter assistance à l'Ukraine, et les uns aux autres, en cas de cyberattaques", selon les hauts responsables américains.
L'Ukraine accuse en effet des hackers russes d'être derrière des cyberattaques qui ont mis hors ligne des dizaines de sites officiels. Les Etats-Unis jugent désormais que les réseaux de communication et d'électricité sont particulièrement vulnérables.
Les Etats-Unis et l'OTAN divisés
Selon plusieurs médias américains, l'administration de Joe Biden estime qu'une cyberattaque russe pourraient précéder, voire remplacer une invasion terrestre. Mais les alliés de l'OTAN n'ont jamais agi de concert face à ce genre de menaces et le président Joe Biden a, lui-même, admis que les alliés sont divisés sur la réponse à donner si les réseaux ukrainiens ou européens sont pris pour cible.
"Les Russes savent que paralyser ou détruire des infrastructures stratégiques telles que l'électricité ou les télécommunications peut augmenter la pression sur le gouvernement ukrainien, son armée et sa population, et les inciter à se plier aux objectifs russes", ont dit ces sources de la Maison Blanche.
Les Occidentaux accusent la Russie de préparer une attaque de l'Ukraine et d'avoir massé plus de 100'000 militaires aux frontières du pays à cet effet. Moscou nie toute intention hostile et dit agir pour assurer sa propre sécurité.
Jordan Davis/vajo avec agences
Vladimir Poutine "espère" une solution, mais brocarde les Etats-Unis
Mardi, Vladimir Poutine s'exprimait pour la première fois publiquement depuis des semaines sur le sujet, peu après un entretien téléphonique entre les chefs des diplomaties russe et américaine qui ont constaté leur profond désaccord sur le dossier ukrainien, mais ont semblé vouloir poursuivre leur dialogue.
"Le principal objectif des Etats-Unis est l'endiguement de la Russie et l'Ukraine est (leur) instrument pour nous entraîner dans un conflit armé et nous frapper des sanctions les plus dures", a accusé le président russe.
Imaginez vous, l'Ukraine membre de l'OTAN qui lancerait une opération militaire en Crimée, un territoire souverain russe
"J'espère qu'au final nous trouverons une solution, même si ce n'est pas facile", a-t-il dit, recevant le premier ministre hongrois Viktor Orban, un allié, bien que son pays soit membre de l'Union européenne et de l'OTAN. Ce dernier a jugé "surmontables" les divergences entre les deux camps.
Vladimir Poutine a défendu sa position en dressant un scénario catastrophe dans lequel une Ukraine membre de l'OTAN tenterait de reprendre par la force la Crimée que la Russie a annexée en 2014, déclenchant un conflit entre Moscou et l'Alliance atlantique.
"Imaginez vous, l'Ukraine membre de l'OTAN qui lancerait une opération militaire en Crimée, un territoire souverain russe", a-t-il dit, "et nous quoi? On ferait la guerre à l'OTAN?".
Boris Johnson apporte son soutien à l'Ukraine
Le premier ministre britannique était mardi à Kiev, comme son homologue polonais Mateusz Morawiecki. Boris Johnson y a jugé "vital que la Russie recule et choisisse la voie de la diplomatie", mettant en exergue le "danger clair" et "imminent" d'une attaque russe, alors que l'Ukraine juge ce risque moins élevé et est soucieuse d'éviter de créer une panique.
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'était en tout cas réjoui dans la matinée de l'ampleur de l'appui diplomatique et militaire de ses alliés, "le plus important" depuis l'annexion de la péninsule de Crimée.
Pour dissuader Moscou de toute agression, les Occidentaux ont accéléré leurs préparatifs de sanctions économiques, applicables selon Boris Johnson "au moment même où le premier orteil russe" passera la frontière. Les Etats-Unis comme le Royaume-Uni, qui est l'un des terrains d'investissement favoris des grandes fortunes russes, ont dit lundi vouloir frapper au portefeuille des proches du Kremlin.
Les milliardaires russes risqueront le gel de leurs avoirs au Royaume-Uni, l'impossibilité d'entrer sur son territoire ou encore d'y effectuer des transactions. "Nous n'allons pas battre en retraite et nous tenir au garde-à-vous en écoutant les menaces de sanctions américaines", a répliqué mardi l'ambassade de Russie à Washington.