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Didier Reynders: "La Suisse a arrêté elle-même les négociations avec l'UE"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Didier Reynders
L'invité de La Matinale (vidéo) - Didier Reynders / La Matinale / 12 min. / le 2 février 2022
Alors que l'abandon de l'accord-cadre n'est pas sans conséquences en Suisse, le commissaire européen à la Justice tient à rappeler que "la Confédération elle-même a décidé d'arrêter les négociations et de mettre en péril un certain nombre de secteurs".

Didier Reynders dit "regretter" la décision du Conseil fédéral d'avoir coupé court aux négociations avec Bruxelles en mai dernier.

"Nous voudrions maintenant que la Suisse fasse des propositions pour dire comment régler nos relations de manière plus large", indique le membre de la Commission européenne mercredi dans La Matinale.

"Il faut faire des choix. Est-ce que la Confédération veut être un partenaire fort et privilégié de l'UE? Ou bien un partenaire en tant que pays tiers, comme il y en a beaucoup d'autres?", interroge le Belge.

Pas de "saucissonnage"

En Suisse, l'abandon de l'accord-cadre commence notamment à peser sur le monde scientifique. Ecartés du programme de recherche Horizon Europe, les chercheurs se trouvent désormais confrontés à un dilemme: renoncer aux prestigieuses bourses européennes ou quitter la Suisse pour les obtenir.

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Face à cette situation délicate, les scientifiques suisses, en partenariat avec leurs homologues britanniques, vont lancer une initiative pour réintégrer le programme européen.

Mais Didier Reynders estime que la problématique ne doit pas être traitée séparément. "Nous voulons éviter d'avoir un saucissonnage. Il ne faut pas vouloir négocier point par point chacun des éléments d'un accord. Nous souhaitons une relation forte avec la Suisse, mais il faut accepter de le faire dans une relation adulte, où on crée un cadre général avant d'entrer dans chacune des politiques."

Nouvelles propositions attendues

Le dirigeant européen refuse donc de travailler "à la carte" avec Berne et souhaite des discussions plus larges. "Je suis fondamentalement attaché à un partenariat beaucoup plus resserré avec la Confédération. J'espère que le débat interne, en Suisse, va évoluer dans cette direction. Mais nous ne sommes pas maîtres de cette discussion", souligne Didier Reynders.

"Si la Suisse se referme sur elle-même, elle empêche un certain nombre de ses citoyens d'avoir un accès aisé à l'UE", ajoute-t-il. Avant de conclure: "J'espère que nous allons recevoir dans les mois à venir de nouvelles propositions de la Confédération pour reprendre une discussion sur un accord bilatéral beaucoup plus fort, qui nous rapproche beaucoup plus."

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Guillaume Martinez

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