Paolo Emilio Raholinarivo, du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes, a indiqué qu'au moins 10 personnes avaient péri et que près de 48'000 ont été déplacées, selon un bilan provisoire.
Selon Météo-Madagascar, Batsirai devrait "ressortir en mer dans le canal de Mozambique au niveau de la partie Nord d'Atsimo Andrefana dans l'après-midi (de dimanche) ou la nuit prochaine".
Après avoir déversé des pluies torrentielles pendant deux jours sur l'île française de La Réunion, Batsirai a touché terre samedi vers 20h00 (18h00 en Suisse) dans le district de Mananjary, plus de 530 kilomètres au sud-est de la capitale Antananarivo.
Dimanche, le cyclone s'était nettement affaibli, avec des vents de 80 km/h en moyenne et des rafales à 110 km/h. Soit nettement moins que les pointes à 235 km/h enregistrées samedi soir, selon Météo-Madagascar.
Les habitants s'étaient préparés à faire face avec les moyens dont ils disposent, se réfugiant dans des bâtiments en dur ou lestant leurs toits avec des sacs de sables.
Manque d'eau potable
Un responsable local, Thierry Louison Leaby, se plaignait du manque d'eau potable, l'approvisionnement ayant été coupé avant la tempête. "Les gens cuisinent avec de l'eau sale", s'est-il inquiété, craignant une épidémie de diarrhée. "Le gouvernement doit absolument nous aider. On ne nous a rien fourni".
Dehors, de la vaisselle et des gobelets en plastique recueillaient l'eau de pluie s'écoulant des toits en tôle ondulée, souvent renforcés par de lourds sacs de sable ou des jerricans.
La directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) pour Madagascar, Pasqualina Di Sirio, a dit anticiper "une crise majeure" sur la Grande Ile, où le cyclone pourrait toucher plus de 600'000 personnes, dont 150'000 déplacées. "Nous sommes très nerveux", a-t-elle dit par visioconférence à la presse.
Des équipes de recherche et sauvetage ont été placées sur le qui-vive, des stocks de fournitures ont été préparés et des avions se tiennent prêts à intervenir en soutien à la réponse humanitaire. Chaque année durant la saison cyclonique, de novembre à avril, une dizaine de tempêtes ou cyclones traversent le sud-ouest de l'océan Indien, d'est en ouest.
Cimetière balayé par les vagues
Dans la ville de Mahanoro, à l'est du pays, surplombant la mer, Marie Viviane Rasoanandrasana, assise à même le sol, déplorait les dégâts causés par le cyclone dans le cimetière municipal où reposent son mari, son beau-père et sa fille. Les vagues ont emporté une partie du cimetière, déterrant à leurs passages plusieurs corps, dont ceux de sa famille.
"Nous sommes tristes [...] Nous avons déjà eu des dégâts à la maison à cause du cyclone. Maintenant ça!", a déploré cette veuve de 54 ans. "La vie quotidienne est déjà très dure", a-t-elle poursuivi, avant d'expliquer que les dépouilles seraient placées dans des tombes temporaires jusqu'à ce que sa famille réunisse assez d'argent pour des "sépultures correctes".
Dans la ville côtière de Vatomandry, quelques heures avant l'arrivée de Batsirai, plus de 200 personnes s'étaient entassées dans une pièce d'un bâtiment de béton appartenant à des Chinois pour se protéger, des familles dormant sur des nattes ou des matelas.
agences/iar