Avec un peu moins de 15% d'intentions de vote attribuée à chacun, aucun des deux ne parvient à distancer l'autre. Mais malgré des thèmes de campagnes similaires sur de nombreux points, leur électorat paraît sensiblement différent, à commencer par leur part féminine.
Autour de la campagne d'Eric Zemmour, les études d'opinion montrent un écart très net entre les intentions de vote des femmes et des hommes. Ce n'est pas une surprise lorsque que l'on se rappelle du passif du polémiste en matière de déclarations et d'écrits misogynes, notamment sur l'intelligence "différente" des femmes, ou leur "incapacité à incarner le pouvoir".
Les femmes plutôt derrière "MLP"
Dans le détail, selon des sondages d'octobre, Eric Zemmour recueillerait environ 21% d'opinion chez les hommes de plus de 65 ans, contre environ 8% chez les femmes de moins de 35 ans. Depuis, il a toutefois fait plutôt profil bas sur les thématiques féministes.
Du côté de Marine Le Pen, au contraire, on joue à fond la carte de la candidature féminine. Lors d'un meeting à Reims samedi, la candidate a livré sur scène un discours très personnel, évoquant son statut de mère célibataire. "Mes trois enfants, je les ai élevés seule", a-t-elle par exemple clamé.
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En réalité, depuis quelques années, Marine Le Pen a réduit et même inversé l'écart de genre qui existait au sein de l'électorat de son père. Désormais, plus de femmes que d'hommes votent pour la candidate du Rassemblement national.
L'extrême-droite bourgeoise vers Zemmour
De plus, leurs électorats présentent également des profils socio-économiques différents. Le vote pour Marine Le Pen, qui tient désormais un discours en partie social, est plus ouvrier et populaire. Eric Zemmour, avec son discours ultralibéral, attire davantage le vote bourgeois. D'autant que ce dernier est perçu comme beaucoup plus réactionnaire sur les questions de société.
Un cadre du Rassemblement national, cité par le journal Libération, décrivait ainsi les électeurs potentiels d'Eric Zemmour: "Ils ne mettraient jamais un bulletin Le Pen dans l'urne, car c'est ce que vote leur femme de ménage".
Deux électorats proches mais distincts
La candidate nationaliste a lissé son image, profitant en partie de l'alternative proposée à l'extrême-droite. Face à Eric Zemmour, elle est désormais perçue comme plus chaleureuse, moins extrémiste et plus présidentiable.
Malgré tout, la candidature du polémiste lui fait du tort en divisant les quelque 30% des Françaises et des Français séduits par l'extrême-droite. Mais en raison des différences sociologiques entre les deux électorats, il serait abusif de simplement additionner leurs sympathisants. Ainsi, si l'une ou l'autre se retirait, une partie de ses voix irait sans doute ailleurs, possiblement dans l'abstention.
Le rêve du polémiste devenu candidat, c'est de parvenir à l'alliance patriotique entre la bourgeoisie et les classes populaires. "La synthèse gaullienne", affirme celui qui, en parallèle, réhabilite le maréchal Pétain.
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Alexandre Habay/jop