Modifié

Au procès, Salah Abdeslam affirme avoir fait "marche arrière"

Procès du 13 novembre 2015: Salah Abdeslam déclare à la barre n’avoir tué personne
Procès du 13 novembre 2015: Salah Abdeslam déclare à la barre n’avoir tué personne / 19h30 / 2 min. / le 9 février 2022
Pour la première fois, Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre, a affirmé mercredi au procès de ces attaques avoir fait "marche arrière" et renoncé à "enclencher" sa ceinture d'explosifs.

Debout dans le box, vêtu d'une chemise blanche, un masque de la même couleur sur sa barbe noire, le Français de 32 ans demande à faire une "déclaration spontanée": "je n'ai tué personne, je n'ai blessé personne. Même une égratignure, je ne l'ai pas faite", assure Salah Abdeslam.

Dès le début de son interrogatoire, Salah Abdeslam s'est dit "pour (le groupe) Etat islamique": "je vois comment Bachar El-Assad traite son peuple, tue des enfants, des innocents. Moi, l'Etat islamique, je les soutiens, je les aime", a-t-il déclaré, chemise blanche, les mains croisées devant lui.

"Peines extrêmement sévères"

Salah Abdeslam a également tancé les peines "extrêmement sévères" prononcées dans les affaires de terrorisme. "A l'avenir, quand un individu montera dans un métro ou un bus avec un valise remplie de 50 kilogrammes d'explosifs et qu'au dernier moment il va se dire : 'Je vais faire marche arrière', il saura qu'il n'a pas le droit, sinon on va l'enfermer ou le tuer", a ajouté celui dont la mission exacte le soir des attentats reste une énigme.

Quand on est en prison et à l'isolement, surveillé en permanence, "on se dit 'j'aurais dû l'enclencher ce truc' (cette ceinture d'explosifs abandonnée le soir du 13-Novembre, ndlr). Est-ce que j'ai bien fait de faire marche arrière ou j'aurais dû aller jusqu'au bout?", poursuit Salah Abdeslam.

>> Lire aussi : Salah Abdeslam, le principal accusé au procès des attentats de Paris

Basculement dans la radicalité

Son interrogatoire, dans une salle d'audience bondée, est prévu pour durer deux jours, portant sur la période antérieure à septembre 2015.

La cour va s'intéresser au basculement dans la radicalité du Français de 32 ans, lui qui avait une réputation de "fêtard", adepte des casinos et des boîtes de nuit.

Salah Abdeslam doit aussi être interrogé sur le séjour en Syrie de son frère Brahim - futur tueur des terrasses parisiennes - début 2015, et sur son ami Abdelhamid Abaaoud, qui deviendra le coordinateur des attentats parisiens. Un "chouette gars" avec lequel il avait perdu contact, avait-il assuré aux policiers belges en février 2015.

Silence durant l'enquête

Salah Abdeslam avait gardé le silence pendant l'enquête, de manière quasi constante. Il avait parlé une fois pour dédouaner un coaccusé, une autre pour se lancer dans une tirade religieuse.

Mais depuis le début du procès le 8 septembre 2021, il a largement fait connaître sa position: le premier jour, en se présentant comme un "soldat" de l'Etat islamique, puis plus tard, en déclarant que "le 13-Novembre était inévitable", à cause des interventions françaises en Syrie. Avant d'en appeler au "dialogue" pour éviter d'autres attaques, sous le regard atterré des parties civiles.

Début novembre, pendant son interrogatoire dit "de personnalité", il a accepté de répondre à la plupart de questions, décrivant sa vie "simple" d'avant sans s'épancher.

afp/cab

Publié Modifié