Le dissident et artiste chinois Ai Weiwei est devenu un symbole planétaire de la résistance au régime communiste chinois. Alors que les Jeux olympiques battent leur plein à Pékin, Ai Weiwei était de passage à Lausanne mercredi pour présenter ses mémoires, publiées en français chez Buchet-Chastel.
Invité dans le 19h30, Ai Weiwei a évoqué l'ambiguïté qu'entretient l'Occident avec la Chine: "Si on regarde l'histoire et la réalité des pays occidentaux, ils ont toujours fait face à une compétition économique."
"Le pouvoir chinois peut satisfaire les intérêts de ces entreprises ou de ces pays. Nul autre régime n'est aussi efficace ou fort que le régime chinois, c'est pour cette raison que l'Occident peut recevoir de l'intérêt [à commercer avec la Chine]. C'est pour cette raison que les groupes financiers et les pouvoirs occidentaux veulent voir la Chine continuer ainsi, ils ne veulent pas que la Chine change."
Comptes bloqués par Credit Suisse
La fondation d'Ai Weiwei a directement été victime de ces relations entre les groupes financiers et Pékin, puisque ses comptes bancaires ont été bloqués par Credit Suisse. L'artiste explique avoir ressenti davantage d'étonnement que de colère.
"La Suisse est un pays que les gens admirent beaucoup, avec un ordre inimaginable, c'est quelque chose que je n'ai jamais connu. En même temps, ce qui est étonnant, c'est que dans un pays comme la Suisse, un organisme aussi important qu'une banque ait recours à un mensonge pour réaliser une opération minime, c'est comme un centime dans un coin."
"Mais ils ont pu dire que j'étais un criminel en Chine, et ils ont utilisé cet argument pour fermer mes comptes. Ce qui me fâche, ce n'est pas la clôture de mes comptes, mais qu'ils aient utilisé l'argument du gouvernement chinois. Ce n'est pas du tout normal, je ne suis pas un criminel."
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Antoine Schaub