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Emmanuel Macron veut six nouveaux réacteurs nucléaires et 50 parcs éoliens en mer

À deux mois de la présidentielle, le président français mise sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires
À deux mois de la présidentielle, le président français mise sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires / 12h45 / 1 min. / le 11 février 2022
Emmanuel Macron veut faire construire en France d'ici 2050 six nouveaux réacteurs nucléaires EPR et en envisage huit autres supplémentaires, a-t-il annoncé jeudi. Le chef de l'Etat a également fait part de sa volonté de construire 50 parcs éoliens en mer.

Le président sortant, qui n'a toujours pas officialisé sa candidature pour un nouveau mandat de cinq ans, a détaillé son plan énergétique lors d'un déplacement à Belfort. Il appelle à multiplier d'ici 2050 la puissance installée dans l'énergie solaire par près de 10 et à viser quelque 40 gigawatts pour l'éolien en mer avec l'installation d'une cinquantaine de parcs.

Le parc nucléaire français est quant à lui vieillissant et l'arrêt de plusieurs centrales pour des problèmes de corrosion accroît la pression sur le système électrique français, désormais à la limite de ses capacités de production.

"Grande aventure du nucléaire"

Après s'être engagé en 2017 à réduire la part du nucléaire à 50% dans la production électrique nationale, Emmanuel Macron invite désormais à "reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France".

Le président souhaite que soient prolongés tous les réacteurs qui peuvent l'être, "sans rien céder sur la sûreté". Il a demandé à EDF d'étudier les conditions de prolongation au-delà de 50 ans, après de premières prolongations au-delà de 40 ans.

Le deuxième axe consiste en un nouveau programme de construction de réacteurs, à l'image de celui de 1974, sujet qui divise les candidats à l'élection présidentielle. "Je souhaite qu’un palier de six EPR2 soit construit et que nous lancions les études sur l’extension de ce palier avec huit EPR2 additionnels", a-t-il déclaré, fixant le début du chantier à l'horizon 2028.

Premier réacteur en 2035

Emmanuel Macron a annoncé dans cette perspective une concertation publique sur l'énergie au second semestre 2022 et des discussions parlementaires en 2023 pour réviser la programmation pluriannuelle de l’énergie.

La mise en service du premier réacteur nucléaire devrait avoir lieu vers 2035. Ces réacteurs EPR seront complétés par de petits réacteurs modulables (SMR) et des réacteurs "innovants" produisant moins de déchets, avec l'objectif de "25 gigawatts de nouvelles capacités nucléaires d'ici 2050", une "révolution" justifiée par la hausse des besoins d'électricité.

reuters/asch

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Stéphane Genoud: "La première chose à faire est de réduire drastiquement notre consommation"

Quelques jours avant les annonces d'Emmanuel Macron (lire ci-dessus), EDF a annoncé qu'elle allait arrêter trois réacteurs nucléaires supplémentaires pour vérifier la présence d'éventuels problèmes de corrosion.

"A priori, il n'y a pas de risque pour la population. La corrosion? C'est normal. C'est de vieilles guimbardes qui tournent depuis de nombreuses années. La corrosion peut entraîner une fuite de réactivité dans le cœur", explique Stéphane Genoud, professeur de management de l’énergie à la HES-SO Valais, vendredi dans La Matinale.

Ces arrêts risquent d'augmenter le prix de l'électricité "qui n'a jamais été si haut", même en Suisse. "Si vous prenez cette nuit, en Suisse, un tiers de l’énergie consommée vient de la France. (...) C'est la prise de conscience qu'on est dépendant de la France", souligne Stéphane Genoud.

Et d'ajouter: "C'est quand même un peu risqué pour un pays comme le nôtre de dépendre de nos voisins pour nous fournir quelque chose d'aussi précieux que l'électricité."

C'est quand même un peu risqué pour un pays comme le nôtre de dépendre de nos voisins pour nous fournir quelque chose d'aussi précieux que l'électricité

Stéphane Genoud, professeur de management de l’énergie à la HES-SO Valais

Le professeur de management de l’énergie à la HES-SO Valais rappelle que le risque zéro n'existe pas dans le nucléaire. "Quand votre réflexe, c'est de dire qu'il faut du nucléaire, c'est que vous partez du principe que le monde est sans limite", note Stéphane Genoud.

Avant de compléter: "Nous sommes encore dans un monde de croissance et de consommation d'électricité à tout prix. Ce monde doit être fini. Il est fini. Nous avons dépassé beaucoup de limites. La première chose à faire est de réduire drastiquement notre consommation."

Stéphane Genoud estime qu'il est "trop tard" en Suisse pour construire de nouvelles centrales nucléaires, vu qu'il faut trente ans pour en construire une: "Nous devons réduire notre consommation avant. C'est ce qui est le plus facile à faire."

>> L'interview complète de Stéphane Genoud dans La Matinale :

Stéphane Genoud, professeur à la HES-SO Valais et pilote. [HEVS]HEVS
Stéphane Genoud, professeur en management de l'énergie, nous explique les risques du nucléaire / La Matinale / 7 min. / le 11 février 2022