Janvier avait déjà été considéré comme le deuxième mois le plus sec depuis l'an 2000 dans la Péninsule ibérique, selon les agences météorologiques des deux pays. Cette sécheresse est "exceptionnelle par son intensité, son ampleur et sa durée", indique Ricardo Deus, climatologue de l'Institut portugais de la Mer et de l'Atmosphère (IPMA).
En janvier en Espagne, "il n'a plu que le quart de ce qu'il aurait dû pleuvoir à cette période", explique pour sa part un porte-parole de l'agence météorologique espagnole (AEMET).
Symbole du manque d'eau qui frappe le Portugal, la baisse du niveau du fleuve Zêzere, qui serpente au milieu des montagnes recouvertes d'eucalyptus et de mimosas dans la région de Pampilhosa da Serra au centre du pays, est désormais vue comme une nouvelle menace par les habitants, déjà durement frappés par les incendies meurtriers de 2017.
État d'urgence
Cette situation inhabituelle a déjà amené le gouvernement portugais à prendre des mesures d'urgence. Dans un pays où près de 30% de l'énergie consommée est d'origine hydraulique, les autorités ont été contraintes début février d'annoncer la suspension de la production hydroélectrique de cinq barrages pour "préserver les volumes nécessaires à l'approvisionnement public".
De l'autre côté de la frontière, le ministre de l'Agriculture espagnol Luis Planas a fait part mercredi de sa "préoccupation", assurant que le gouvernement prendrait "les mesures nécessaires en fonction de l'évolution de la situation". Les niveaux des réservoirs d'eau, dont l'apport est indispensable à l'agriculture, se situent actuellement à moins de 45% de leur capacité en Espagne, d'après les autorités.
Coopération renforcée
Cette faible pluviométrie, qui dure depuis la fin de l'année dernière, inquiète les agriculteurs et les éleveurs des deux pays. Et la situation ne devrait pas s'améliorer dans les prochains jours, puisque les prévisions météorologiques font état de précipitations toujours en dessous des moyennes de saison.
Confronté à cette réalité, le gouvernement portugais a annoncé jeudi qu'il allait renforcer sa coopération avec l'Espagne pour lutter contre la sécheresse dans la péninsule.
afp/jop
Situation déjà en partie altérée par le changement climatique
L'alternance entre les années de sécheresse et les années pluvieuses est normale dans le sud de l'Europe, mais "on observe un pourcentage d'années pluvieuses en baisse dernièrement", souligne Filipe Duarte Santos, chercheur à la faculté de Sciences de Lisbonne et spécialiste de l'environnement, qui pointe du doigt le réchauffement climatique.
Ces sécheresses sont "l'une des conséquences les plus graves du changement climatique", explique-t-il. D'après lui, "tant que l'on n'aura pas fortement réduit les émissions globales de gaz à effet de serre, le problème continuera de se poser".
Avec le réchauffement climatique, l'intensité et la fréquence des épisodes de sécheresse, qui menacent notamment la sécurité alimentaire des populations, risquent encore d'augmenter, même si le monde parvient à limiter la hausse des températures à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.