Franz-Olivier Giesbert: "Valérie Pécresse n'est pas une oratrice, mais cela ne préjuge pas de l'avenir"
Son meeting était analysé de près alors que Valérie Pécresse, qui peine à distancer ses rivaux d'extrême droite dans les sondages, a connu une semaine animée - avec plusieurs ralliements de taille au président Emmanuel Macron, pas encore candidat officiellement, et des propos critiques prêtés à l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy .
Dès les premières phrases, les ténors des Républicains s'inquiètent. La candidate ne convainc pas: "manque de souffle", "ton robotique", le meeting "ne prend pas", d'après eux. Plusieurs de leurs remarques fuiteront dans la presse. Face caméra pourtant, les soutiens de la présidente de la région Île-de-France défendent l'exercice, mais le malaise est palpable.
"Elle est dans une phase où elle se fait tirer dessus"
Invité de La Matinale lundi, Franz-Olivier Giesbert ne veut pas y voir un véritable coup d'arrêt. Celui qui suit de près la politique française depuis plus de 50 ans et qui est désormais directeur éditorial du quotidien La Provence explique qu'il faut toujours se méfier de "l'unanimité journalistique".
"J'ai toujours trouvé que Valérie Pécresse, les grands discours ce n'est pas ce qu'elle faisait de mieux. C'est clair que ce n'est pas une oratrice, mais cela ne préjuge pas de l'avenir. Elle est surtout dans une phase où elle se fait tirer dessus", décrit-t-il.
Et d'ajouter: "Avant, c'était Anne Hidalgo et aujourd'hui ce sont les mêmes qui s'en prennent à Valérie Pécresse. Son début de campagne est très compliqué, elle est entre Macron - qui est très actif et qui a une sorte de vista, d'intelligence et de brio et derrière - Eric Zemmour - qui monte et qui progresse - et Marine Le Pen, qui résiste. C'est donc difficile pour elle, mais elle a un atout car elle a de bonnes chances de bénéficier d'un vote utile à la fin. C'est d'ailleurs toujours celle à qui on prédit le meilleur score de second tour face à Emmanuel Macron", souligne Franz-Olivier Giesbert.
"Emmanuel Macron ne veut pas de campagne"
En ce qui concerne les ralliements à Emmanuel Macron, le journaliste ne se veut là non plus pas dramatique. D'après lui, il n'y pas eu de "défection affreuse" pour Valérie Pécresse. Eric Woerth, ministre sous le gouvernement Fillon, n'aurait pas un poids considérable dans l'électorat. Le ralliement de Natacha Bouchart, maire de Calais, serait plus problématique mais pas insurmontable.
Franz-Olivier Giesbert se garde donc de conclusions trop hâtives. Il estime d'ailleurs que la campagne pour la présidentielle ne commencera qu'au moment où Emmanuel Macron s'annoncera candidat. Une candidature que le locataire repousserait le plus possible par stratégie.
"Emmanuel Macron ne souhaite pas faire de campagne, car cela lui serait préjudiciable. On parlerait beaucoup de son bilan. Les Français remarqueraient alors qu'il n'a pas fait beaucoup de réformes", conclut l'éditorialiste.
Propos recueillis par Frédéric Mamaïs
Adaptation web: Tristan Hertig avec afp