"Les unités du district militaire du sud ayant achevé leurs exercices tactiques sur les bases de la presqu'île de Crimée retournent par voie ferrée vers leur base d'attache", a affirmé le ministère russe de la Défense, cité par les agences russes.
La télévision russe a montré des images nocturnes d'un interminable train transportant des blindés traversant le pont qui enjambe le détroit de Kertsch, bâti à grands frais par la Russie pour relier la Crimée au territoire russe.
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"Il faut toujours vérifier", souligne Josep Borrell
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell s'est montré très circonspect mercredi devant l'annonce d'un retrait de forces russes de Crimée, en soulignant qu'il fallait d'abord le "vérifier".
Ce serait, "si c'était vrai, sans doute" un signe de détente, a-t-il très prudemment commenté sur la radio France Inter. "Il faut toujours vérifier", a-t-il toutefois ajouté.
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Moscou avait déjà annoncé mardi un début de retrait des dizaines de milliers de soldats russes massés depuis plusieurs mois aux frontières ukrainiennes.
"Il y a des signes encourageants peut-être (..) mais d'un autre côté on a aussi des signes préoccupants", a relevé Josep Borrell en référence à un appel en Russie à la reconnaissance des territoires séparatistes dans l'est de l'Ukraine.
Appel à reconnaître les territoires séparatistes dans l'est de l'Ukraine
La Douma, la chambre basse du Parlement russe, a voté mardi un appel au président Vladimir Poutine en faveur de cette reconnaissance. Le Kremlin a assuré qu'il n'y avait actuellement "aucune décision officielle" en se sens, mais que cette demande "reflétait l'avis de la population" russe.
"La Russie joue le chaud et le froid. Un jour elle nous dit que tout est possible, qu'elle va revenir à la table des négociations, et l'autre elle envoie une escadre en mer Noire", a poursuivi le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères.
La reconnaissance par la Russie de l'indépendance des territoires séparatistes en Ukraine constituerait une "violation grossière du droit international" qui provoquerait une "riposte rapide et ferme" des Occidentaux, a dénoncé mercredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
Plus de 100'000 militaires sont déployés selon les Occidentaux aux frontières ukrainiennes avec quantité de matériel lourd. Et d'importantes manoeuvres russo-biélorusses se poursuivent jusqu'au 20 février en Biélorussie, voisin pro-russe de l'Ukraine.
Les Russes quitteront la Biélorussie dès la fin des manoeuvres
La Biélorussie a promis mercredi que tous les soldats russes déployés sur son territoire dans le cadre de manoeuvres militaires d'ampleur quitteront le pays à la fin prévue de ces exercices le 20 février.
"Pas un seul soldat, pas un seul équipement ne restera sur le territoire biélorusse après la tenue des manoeuvres avec la Russie", a dit le ministre des Affaires étrangères Vladimir Makeï en conférence de presse, alors que ce déploiement russe a nourri des craintes d'invasion russe de l'Ukraine.
Il justifié la tenue de ces manoeuvres par l'activité menaçante de l'Otan dans la région, les pays occidentaux soutenant l'Ukraine dans son conflit avec Moscou.
ebz avec les agences
Washington accuse Moscou de créer des "prétextes" pour attaquer
Les Etats-Unis ont accusé mercredi la Russie d'être en train de créer des "prétextes" pour pouvoir attaquer l'Ukraine. Ils dénoncent notamment les récentes accusations de "génocide" dans des territoires ukrainiens séparatistes prorusses formulées par Vladimir Poutine.
"Conformément à nos avertissements des dernières semaines, nous voyons des responsables russes et des médias russes diffuser de nombreuses histoires dans la presse, chacune pouvant être utilisée comme prétexte pour une invasion", a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price devant la presse.
"Nous redoutons que cela puisse intervenir à tout moment, et le monde doit y être prêt", a-t-il mis en garde.
Selon Washington, il peut s'agir "d'accusations sur des activités militaires ukrainiennes dans le Donbass", région de l'est de l'Ukraine où des séparatistes prorusses combattent les forces de Kiev depuis huit ans. Il peut aussi s'agir de "fausses accusations d'activités terrestres, maritimes ou aériennes des Etats-Unis ou de l'Otan, voire d'accusations d'incursions ukrainienne ou de l'Otan en territoire russe", a ajouté Ned Price.
"Pas une once de vérité"
"Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que le président Poutine et d'autres responsables russes évoquent un 'génocide' au Donbass. Il n'y a pas une once de vérité dans ces accusations", a-t-il martelé. Le président russe a affirmé mardi qu'un "génocide" était en cours dans cette région.
"Nous sommes très préoccupés car nous savons très bien que les Russes veulent invoquer un prétexte fabriqué de toutes pièces avant de lancer une agression", a encore dit le porte-parole américain. "C'est exactement ce qu'ils ont fait en 2014, ces accusations de génocide sont un écho troublant de ce que nous avons entendu en 2014 au sujet d'une persécution des Russophones dans l'est de l'Ukraine et en Crimée", a-t-il ajouté.
Des cyberattaques visent l'Ukraine
Plusieurs sites internet militaires officiels ukrainiens et deux banques publiques ont été visés par une cyberattaque, ont annoncé mardi soir les autorités ukrainiennes, en pleine crise avec la Russie.
Le Centre gouvernemental pour les communications stratégiques et la sécurité de l'information a pointé du doigt "l'agresseur" - une expression généralement utilisée pour désigner la Russie - dans un communiqué diffusé sur Facebook.
L'attaque a été dirigée contre les sites internet du ministère de la Défense et des forces armées de l'Ukraine, qui étaient inaccessibles, ainsi que contre les banques Privatbank et Ochtchadbank, dont les services en ligne ont été perturbés.
Le Kremlin dément
Le Kremlin a démenti mercredi toute implication dans les cyberattaques ayant visé la veille plusieurs sites internet militaires officiels ukrainiens et deux banques publiques, en pleine crise russo-occidentale autour de l'Ukraine.
"La Russie n'a rien à voir avec des cyberattaques quelconques", a assuré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, tout en estimant qu'il "était prévisible que l'Ukraine continue d'accuser la Russie de tout".