A Nicosie, des centaines d'exilés errent dans les rues de la ville. Jean-Marc est originaire de République démocratique du Congo. A Chypre, ce quinquagénaire pensait trouver une porte d'entrée vers l'Union européenne (UE), mais l'île ne fait pas partie de l'espace Schengen: "En venant ici, je devais retrouver mon frère en Europe. (...) Est-ce que l'UE connaît les réalités des réfugiés ici? Je ne peux pas rester."
Depuis deux mois, Jean-Marc est bloqué avec des dizaines de milliers de personnes: des Syriens, des Erythréens ou encore des Afghans. Tous vivent dans des conditions extrêmement difficiles.
"Nous rencontrons des gens qui n'ont pas mangé depuis plusieurs jours. Ils vivent dans la rue, car ils ne peuvent pas payer de loyer. Et ils sont harcelés par les autorités locales. Il y a un racisme institutionnel. Le message envoyé est: 'Rentrez chez vous. Si vous restez ici, vous allez souffrir'", explique Doros Polykarpou, directeur de l'ONG Kisa, mercredi dans La Matinale.
"Submersion migratoire"
De son côté, le gouvernement conservateur assure ne pas avoir les moyens d'accueillir autant de monde et il parle de "submersion migratoire". "Chypre est dans une situation d'urgence", estime Michael Loizos, directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur. "C'est l'un des premiers points d'entrée de migrants de l'UE. Nous appelons les autres Etats de l'UE à l'aide pour nous soulager de ce fardeau."
Le gouvernement chypriote demande que Frontex bloque l'arrivée de nouveaux migrants sur son île et qu'une partie de ceux déjà sur place soit envoyée vers d'autres pays de l'UE.
Noé Pignède et Céline Martelet/vajo