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Le versement des fonds de l'UE sera lié au respect de l'Etat de droit

La justice hongroise retoque un recours du Premier ministre Victor Orban. [Keystone - Szilard Koszticsak/MTI via AP]
La Cour Européenne de Justice refuse le recours contre "le mécanisme de conditionnalité" déposé par la Hongrie et la Pologne / Le 12h30 / 2 min. / le 16 février 2022
La justice européenne a validé mercredi, dans un arrêt très attendu, un dispositif liant le versement des fonds de l'UE au respect de l'Etat de droit, infligeant un revers à Budapest et Varsovie qui sont menacés par ce nouveau "régime de conditionnalité".

La Cour de Justice de l'Union européenne, dont la décision était pour la première fois retransmise en direct sur son site, a suivi l'avis de l'avocat général et rejeté les recours en annulation introduits par la Hongrie et la Pologne contre ce règlement.

"Ce mécanisme a été adopté sur une base juridique adéquate" et "respecte les limites des compétences attribuées à l'Union ainsi que le principe de sécurité juridique", indique notamment la Cour dans un communiqué.

La Pologne a aussitôt dénoncé une "attaque contre sa souveraineté". La Hongrie, par la voix de sa ministre de la Justice Judit Varga, a fustigé une "décision politique" liée à la loi sur l'homosexualité adoptée cet été à Budapest, très critiquée au sein de l'Union européenne.

Berlin s'est à l'inverse félicité d'un arrêt qui "renforce notre communauté de valeurs".

>> Revoir le reportage du 19h30 :

La Pologne, la Hongrie et la Slovénie s'opposent au plan de relance de l'UE à cause d'une clause de respect de l'Etat de droit
La Pologne, la Hongrie et la Slovénie s'opposent au plan de relance de l'UE à cause d'une clause de respect de l'Etat de droit / 19h30 / 1 min. / le 20 novembre 2020

Un instrument activé par la Commission

L'approbation par la justice de cet instrument inédit va accroître la pression sur la Commission, chargée de l'activer. L'exécutif européen avait accepté, en accord avec les Vingt-Sept, d'attendre l'avis de la Cour avant d'agir, alors que le règlement est en vigueur depuis le 1er janvier 2021.

"Nous agirons avec détermination", a assuré sa présidente, Ursula von der Leyen dans un tweet, en saluant la décision de la Cour.

Depuis des mois, le Parlement européen s'impatiente. Il a même engagé un recours pour inaction contre la Commission.

Poussé à l'action, l'exécutif européen avait envoyé en novembre des lettres à la Pologne et la Hongrie exposant à nouveau ses critiques sur le respect de l'Etat de droit dans ces deux pays de l'ex-bloc de l'Est.

Côté hongrois, la Commission a évoqué des problèmes relatifs à la passation de marchés publics, des conflits d'intérêts et la corruption. Concernant Varsovie, sont visées les atteintes à l'indépendance des juges et la remise en cause de la primauté du droit européen et des décisions de la CJUE.

>> Revoir le reportage de Forum qui revenait sur le non-respect de l'Etat de droit en Pologne et en Hongrie :

Le commissaire européen à la Justice Didier Reynders a présenté un rapport sur l'Etat de droit au sein des pays de l'UE. [EPA - OLIVIER HOSLET]
La Pologne et la Hongrie épinglées dans le premier rapport européen sur le respect de l'Etat de droit / Forum / 3 min. / le 30 septembre 2020

Suspension des fonds si 15 pays se mettent d'accord

Le règlement permet de priver de fonds européens un pays où sont constatées des violations de l'Etat de droit qui "portent atteinte ou risquent de porter atteinte" aux intérêts financiers de l'UE, "d'une manière suffisamment directe". Une éventuelle suspension ou une réduction des paiements doit être endossée par au moins 15 Etats membres sur 27.

Le mécanisme s'applique aux fonds versés dans le cadre du budget européen, qui constituent des sommes conséquentes pour ces deux pays -ils figurent parmi les principaux bénéficiaires nets des fonds européens-, ainsi qu'aux plans de relance post-Covid. Ceux de la Pologne et de la Hongrie n'ont toujours pas été approuvés.

Issu d'un difficile compromis intervenu en 2020, ce "régime de conditionnalité" était réclamé par plusieurs Etats membres dont les Pays-Bas pour protéger les finances de l'UE.

Parmi les instruments à disposition de l'UE pour lutter contre les atteintes aux principes démocratiques, il pourrait s'avérer le plus efficace. La procédure de l'Article 7 du traité sur l'UE, déclenchée contre la Pologne et la Hongrie, permet de sanctionner un pays pour non respect des valeurs de l'UE. Elle peut aller jusqu'à le priver de son droit de vote au Conseil mais s'est révélé en pratique impossible à mener à terme.

afp/ther

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