Une ambiance étrange règne dans la petite ville ukrainienne d'Avdiivka, à une poignée de kilomètres de Donetsk, contrôlée par les séparatistes pro-russes. Juste à l’extérieur de la ville, un grand champ miné fait office de ligne de front. Des échanges de tirs sporadiques se font entendre et les bâtiments sont criblés de balles. Les habitants continuent pourtant de vivre tant bien que mal leur vie. La grosse usine chimique est toujours en activité et les enfants continuent de se rendre à l'école.
Les annonces de mouvement de troupes russes le long de la frontière laissent la population locale sceptique. Après huit ans de guerre, une telle quantité de rage et de défiance s'est installée entre les deux camps que personne ne se fait confiance. Cette méfiance se perçoit aussi dans les villages le long de la ligne de front où il est difficile pour un non-initié de différencier pro-Russe et pro-Ukrainien.
Nataliia, 78 ans, regarde vers l'horizon. "Donetsk est juste là-bas, à 15 kilomètres environ. Ma voiture a été détruite durant le conflit. Avant la guerre, je pouvais me rendre en ville en moins d’un quart d’heure."
Elle n'est plus retournée à Donetsk depuis le début de la guerre mais elle vit toujours dans sa maison, même si elle n'a pas totalement été épargnée par le conflit. "Un jour, un missile est tombé dans ma cuisine. Le mur a été reconstruit. Heureusement, le missile n’a pas explosé. Il a simplement écrasé mon fourneau."
Dans un coin, elle s'est aménagée un petit abri. "On peut ajouter des planches et faire des lits si besoin. C’est un lieu sûr. A moins qu'un obus ne me tombe directement dessus. Là, vous aurez simplement à venir chercher ma dépouille…"