Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont enregistré plus de 1500 violations de la trêve censée être en vigueur sur le front dans l'est de l'Ukraine en 24 heures, ont-ils annoncé dans un communiqué samedi, un record cette année.
De jeudi soir à vendredi soir, ils ont recensé 591 violations dans la région de Donetsk et 975 dans celle de Lougansk, tenues en partie par des séparatistes prorusses en guerre contre Kiev.
"Mobilisation générale" dans la partie prorusse
Les dirigeants des séparatistes prorusses ont proclamé samedi la "mobilisation générale" dans les régions de Donetsk et de Lougansk.
Deux soldats ukrainiens ont été tués sur le font de l'est, a indiqué l'armée de ce pays. Il s'agit des premiers décès parmi les militaires ukrainiens depuis plus d'un mois. Quatre soldats ont par ailleurs été blessés et hospitalisés.
Des obus de mortier ont explosé près du ministre ukrainien de l'Intérieur Denys Monastyrsky pendant son déplacement sur la ligne de front, ont constaté samedi des journalistes de l'AFP. L'incident, qui n'a pas fait de blessés, s'est produit près du village de Novolouganské, où plusieurs responsables ukrainiens se sont rendus.
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Exercices militaires russes sous l'oeil de Poutine
Vladimir Poutine a de son côté supervisé des exercices militaires "stratégiques" impliquant des tirs de missiles balistiques, a annoncé le Kremlin.
Ces exercices ont mobilisé des forces du district militaire Sud, les forces aérospatiales, les flottes du Nord et de la mer Noire ainsi que les "forces stratégiques".
Ces dernières sont équipées de missiles à portée intercontinentale, de bombardiers stratégiques, de sous-marins, de navires de surface et d'une aviation navale porteuse de missiles conventionnels. Le porte-parole du Kremlin a assuré qu'il s'agit d'un "processus d'entraînement régulier".
Ne "pas présumer" de ce qui va se passer
L'Allemagne, qui exerce la présidence du G7, a pris ses distances samedi avec la conviction des Etats-Unis qu'une attaque russe en Ukraine est décidée et imminente, appelant à ne "pas présumer" des décisions de Moscou.
"Dans les situations de crise, le pire est de présumer ou d'essayer de deviner" ce qui va se passer, a déclaré la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, à l'issue de la réunion du G7 à Munich, jugeant "important de regarder de plus près" la situation sur le terrain.
"Nous sommes prêts à faire face à toute situation. En même temps, nous faisons tout pour que cette situation ne se produise pas", a-t-elle précisé.
"Nous renforcerons l'OTAN"
Réunis pour la Conférence sur la sécurité, les alliés occidentaux ont remis en garde la Russie. La vice-
présidente américaine Kamala Harris a ainsi menacé d'un renforcement des forces de l'OTAN dans l'est de l'Europe en cas d'attaque de l'Ukraine par la Russie, en plus de sanctions économiques "sévères et rapides" contre Moscou.
Le Premier ministre britannique a, lui, appelé les alliés à l'unité. "Nous devons être unis contre la menace", a déclaré Boris Johnson, soulignant le "choc" pour le monde que représenterait une invasion.
La Russie a entrepris de "saper" l'architecture de sécurité européenne et mène "une tentative flagrante de réécrire les règles de l'ordre international", a de son côté accusé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
"Nous ne pouvons pas laisser cela se produire", a déclaré Ursula von der Leyen, avant de dénoncer une alliance entre Chine et Russie pour imposer "la loi du plus fort".
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L'Ukraine est "le bouclier de l'Europe"
L'Ukraine est "le bouclier de l'Europe" contre l'armée russe, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Munich en appelant les Occidentaux à augmenter leur aide.
"Nous apprécions toute aide, mais tout le monde doit comprendre: ce ne sont pas des contributions de charité que l'Ukraine doit demander (...) C'est votre contribution à la sécurité de l'Europe et du monde. Où l'Ukraine est le bouclier depuis huit ans", a-t-il dit. Le chef de l'Etat a par ailleurs exigé un calendrier "clair" et "réalisable" pour l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN.
Volodymyr Zelensky a également demandé aux Occidentaux de cesser leur politique "d'apaisement" de la Russie. "L'Ukraine a reçu des garanties de sécurité lorsqu'elle a renoncé à ses armes nucléaires, le troisième potentiel mondial. Nous n'avons pas d'armes. Ni de sécurité. (...) Mais nous avons le droit d'exiger que cesse la politique d'apaisement et de demander des garanties de sécurité et de paix", a-t-il déclaré.
Le président ukrainien a également proposé une rencontre avec son homologue Vladimir Poutine. "Je ne sais pas ce que le président russe veut, voilà pourquoi je propose qu'on se rencontre", a-t-il déclaré.
Berlin et Paris avertissent leurs ressortissants
"Nous mettons en garde contre tout déplacement en Ukraine", a indiqué le ministère allemand des Affaires étrangères dans un communiqué. Celui-ci "exhorte de manière urgente les ressortissants allemands" qui s'y trouvent à "quitter sans délai le pays".
"Il est recommandé à tous les ressortissants français dont le séjour en Ukraine n'a pas de motif impérieux de quitter le pays", a souligné pour sa part la diplomatie française dans ses conseils aux voyageurs actualisés samedi. Ceux qui se trouvent "dans les oblasts de Kharkiv, Lougansk et Donetsk" ainsi que dans la région de Dnipro sont "appelés "quitter sans délai ces zones".
Appel aussi côté suisse
Berne recommande également aux citoyens et citoyennes suisses se trouvant dans les régions de Donetsk et de Louhansk de quitter temporairement ces zones par leurs propres moyens. C'est ce qu'a annoncé samedi soir le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
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asch/oang avec les agences
L'OTAN transfère son personnel en Ukraine
L'OTAN a transféré son personnel présent en Ukraine de Kiev à Lviv, dans l'ouest du pays, et à Bruxelles pour assurer sa sécurité, a déclaré samedi à l'AFP un responsable de l'Alliance.
"La sécurité de notre personnel est primordiale, le personnel a donc été transféré à Lviv et à Bruxelles. Les bureaux de l'OTAN en Ukraine restent opérationnels", a-t-il déclaré sans donner de chiffres sur le nombre de personnes concernées.
Swiss et Lufthansa suspendent leurs vols dès lundi
La compagnie allemande Lufthansa et sa filiale Swiss ont annoncé la suspension de leurs vols vers l'Ukraine à partir de lundi et jusqu'à fin février.
"La sécurité de nos passagers et membres d'équipage est notre priorité première", a indiqué un porte-parole de Lufthansa, en précisant que des vols restaient planifiés samedi et dimanche, pour permettre aux personnes qui le souhaiteraient de quitter le pays.
La compagnie continuera à assurer des liaisons avec la ville de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, mais plus aucun vol ne circulera vers Kiev et Odessa.