C'est "la naissance d'une ère nouvelle", a lancé le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed en présidant le lancement de la production du Gerd ("Grand Ethiopian Renaissance Dam"), projet controversé de plusieurs milliards de dollars.
"C'est une bonne nouvelle pour notre continent et pour les pays en aval avec lesquels nous aspirons à travailler ensemble", a-t-il ajouté sur Twitter. Accompagné de nombreux hauts responsables du pays, Abiy Ahmed a effectué une tournée dans la centrale électrique et a cliqué une série d'interrupteurs sur un écran électronique pour déclencher la production du barrage.
Situé sur le Nil Bleu, à une trentaine de kilomètres de la frontière soudanaise, l'ouvrage est long de 1,8 kilomètre et haut de 145 mètres.
Un coût dépassant les 4 milliards
Au lancement du projet, chaque fonctionnaire avait été appelé à contribuer par un mois de salaire au financement du barrage. Par la suite, de nombreux emprunts publics avaient également sollicité les économies des Ethiopiens.
Dimanche, divers responsables éthiopiens ont loué les efforts d'Abiy Ahmed pour achever le financement d'un projet qui a longtemps frôlé l'échec. "Notre pays a tant perdu, surtout financièrement, en raison des retards de travaux", a souligné le directeur général du projet Kifle Horo, lors de ses remarques d'ouverture.
En l'absence de comptabilité officielle précise, le coût total du projet a été estimé par les experts à 4,2 milliards de dollars.
Contentieux avec les pays voisins
Le Gerd constitue, depuis le lancement du projet en 2011, un contentieux avec le Soudan et l'Egypte, tous deux tributaires du Nil pour leurs ressources hydrauliques. Le Caire invoque un "droit historique" sur le fleuve, garanti depuis un traité signé en 1929. L'Egypte avait obtenu un droit de veto sur la construction de projets sur le fleuve.
En 1959, après un accord avec Khartoum sur le partage des eaux, l'Egypte s'était attribué un quota de 66% du débit annuel du Nil, contre 22% pour le Soudan. N'étant pas partie prenante de ces accords, l'Ethiopie ne s'est jamais considérée liée par eux et un nouveau traité a été signé en 2010 par les pays du bassin du Nil, supprimant le droit de veto égyptien et autorisant des projets de barrages.
Saisie l'été dernier, l'ONU avait recommandé aux trois pays de poursuivre leurs pourparlers sous l'égide de l'Union africaine. Le Caire et Khartoum, inquiets pour leur approvisionnement en eau avaient demandé à Addis Abeba de stopper le remplissage du barrage.
L'Ethiopie avait néanmoins procédé en juillet dernier à la seconde phase de remplissage du barrage, annoncé comme un des plus gros d'Afrique avec un objectif de production initiale de 6500 mégawatts, revu à la baisse à 5000, soit le double de la production actuelle de l'Ethiopie.
afp/boi