L'émission de la RTS Tout un monde a fait le tour des médias internationaux après la décision de Vladimir Poutine de reconnaître l'indépendance des territoires séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine.
Cité par le Courrier International, le journal ukrainien Den n'est pas étonné par cette annonce, car les événements de ces derniers jours avaient déjà montré sans ambiguïté "que la partie russe n’était pas disposée à la désescalade".
Den évoque également des provocations prorusses et une campagne de désinformation organisée par Moscou, qui accuse l'Ukraine d'avoir attaqué Donetsk et Lougansk.
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L'ambiance est toute autre du côté de Moscou: Vzgliad, quotidien proche du Kremlin, se félicite d'une décision "historique" qui s'est faite attendre face à une situation critique dans la région du Donbass.
Novaïa Gazeta cite également le président russe qui dénonce des attaques ukrainiennes, contre les Slaves, les orthodoxes et contre tout ce qui est russe.
The Moscow Times s'en tient pour sa part à une analyse purement factuelle. Mardi matin, aucun commentaire n'était fait sur son site internet.
"Deux décennies de rancoeur"
L'inquiétude est de mise dans la presse française. "Passage à l'acte: Poutine aux frontières de la guerre", titrait Libération sur son site. Le quotidien parle d'un discours "fleuve et agressif" de la part du président russe, craignant que cette annonce ne soit l'étincelle tant redoutée.
L'espoir infime d'une percée diplomatique n'aura tenu que quelques heures
Pour le journal, "l'espoir infime d'une percée diplomatique, née de l'annonce d'un possible sommet Biden-Poutine, n'aura tenu que quelques heures". Avec cette décision, le président russe a franchi un palier considérable dans l'escalade des tensions.
Vladimir Poutine a choisi de renverser la table, titre Le Monde, pour qui l'annonce russe montre "deux décennies de rancoeurs et de griefs concentrées en une adresse télévisée impromptue et pleine de colère froide, de soupirs et de menaces à peine voilées adressées à l'Occident et à l'Ukraine".
La crise ukrainienne a "basculé dans l'inconnue", estime Le Figaro. "C'est une véritable déclaration de guerre", souligne Philippe Gélie, directeur adjoint de la rédaction, dans son éditorial.
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"Vlad le Terrible"
En Espagne, El Pais écrit que Vladimir Poutine s'est arrogé la souveraineté des républiques de Donetsk et de Lougansk. Pour le quotidien ibérique, les textes signés alimentent la possibilité d'une plus grande intervention du Kremlin en Ukraine. Selon El Mundo, le président russe a mis un terme au processus de paix en Ukraine.
"Vlad le Terrible passe le Rubicon avec un but: reconstruire l'URSS", titre pour sa part Anna Zafesova dans le quotidien italien La Stampa.
Dans un énième mouvement de Kuzushi, Poutine a de nouveau déséquilibré son adversaire
Le Corriere della Sera revient quant à lui sur la passion du leader russe pour le judo. "Dans un énième mouvement de Kuzushi, Poutine a de nouveau déséquilibré son adversaire", métaphorise son correspondant Paul Valentino, qui fait remarquer que cette décision n'aura en elle-même qu'un impact quasi nul, car c'est une réalité qui existe de fait depuis huit ans. Cela met toutefois fin au processus de Minsk, une situation que les Occidentaux ne pourront accepter.
Outre-Rhin, l'inquiétude est aussi de mise. Die Welt parle d'un discours rageur. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ce geste de défiance de Vladimir Poutine à l'égard de l'Occident doit être le signal de sanctions européennes fortes contre la Russie. Si ce n'est pas le cas, le président russe y verrait un encouragement à aller de l'avant.
"C'est ainsi que se termine le monde de l'après-Guerre Froide"
Le New York Times souligne qu'en cherchant à redessiner les frontières de l'Europe après la Guerre Froide et à ramener l'Ukraine dans l'orbite de Moscou, Vladimir Poutine ne tente rien de moins que de renverser la structure de sécurité qui a contribué à maintenir une paix précaire en Europe au cours des trois dernières décennies.
"C'est ainsi que se termine le monde de l'après-Guerre Froide", écrit pour sa part le Washington Post. Pour le quotidien américain, réfuter les arguments de Vladimir Poutine est hors de propos. Sa véritable raison se trouve dans le maintien de son pouvoir en Russie, pouvoir qui serait menacé par une expérience démocratique réussie en Ukraine, ancienne république soviétique.
Sujet radio: Nicolas Vultier
Adaptation web: Jérémie Favre