Samedi 22 janvier à minuit, Amira Osman est dans sa salle de bain lorsqu'une vingtaine d'hommes, cagoulés et armés de kalachnikovs, font irruption à son domicile. En béquille suite à un accident, la militante est embarquée de force par un convoi de véhicules non immatriculés.
"C'était vraiment terrifiant. On aurait dit qu'ils faisaient un raid contre une cellule terroriste. Je suis handicapée, rien ne justifiait un tel déploiement militaire", témoigne Amira Osman dans La Matinale.
"Au début, j'étais paniquée. Puis, je me suis dit: 'ce sont eux qui sont terrifiés. Ils sont obligés de déployer un dispositif militaire pour arrêter des citoyens désarmés'", explique-t-elle.
Tollé et libération
Cette arrestation a provoqué un tollé au Soudan et à l'internationale. Amira Osman aura finalement passé 15 jours sous les verrous à la prison pour femmes d'Oumdurman. Elle sera libérée grâce à la pression de nombreuses organisations.
Dès le lendemain, elle participe à une nouvelle marche de protestation contre le pouvoir militaire. "Le gouvernement est faible, sous pression constante de la rue. Le message qu'ils veulent envoyer, c'est: 'Nous allons vous arrêter à n'importe quel moment'. Ils veulent terroriser les gens, les familles, pour qu'elles empêchent leurs enfants de participer aux manifestations. Mais à l'inverse, cela nous rend plus fort et plus déterminés à être en première ligne."
400 manifestants encore emprisonnés
Amira Osman s'estime chanceuse d'avoir rapidement retrouvé la lumière du jour. Selon un collectif d'avocats, plus de 400 militants seraient toujours détenus à travers le pays, dont certains dans des lieux inconnus.
Eliott Brachet, Khartoum