L'UE bloque les avoirs de Poutine mais reste divisée sur l'exclusion de la Russie du système SWIFT
Le gel des avoirs du président russe et de son chef de la Diplomatie avait été évoquée pendant le sommet européen extraordinaire de jeudi soir à Bruxelles. Il a été ajoutée vendredi au paquet de sanctions que les ministres des Affaires étrangères vont mettre en oeuvre, a-t-on précisé de mêmes sources.
L'Allemagne et l'Italie ont levé vendredi les réserves opposées pendant le sommet à cette proposition soutenue par un grand nombre de dirigeants européens, ont précisé deux responsables. Les Européens ont en outre décidé de supprimer la faculté de voyager sans visas dans l'UE pour les porteurs de passeport russe de service dans le train de sanctions approuvé par les 27 jeudi soir.
Ces mesures répondent à l'appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky de renforcer les sanctions européennes contre la Russie pour la punir de son invasion de l'Ukraine.
L'UE divisée sur l'exclusion du système SWIFT
La France est en faveur de l'exclusion de la Russie du système bancaire Swift, a affirmé vendredi le ministre français des Finances Bruno Le Maire.
"Certains États membres ont fait part de réserves, la France ne fait pas partie de ces États", a déclaré le ministre au cours d'une conférence de presse dans le cadre d'une conférence rassemblant les ministres des Finances de l'UE.
Plusieurs pays, dont l'Allemagne, l'Autriche et la Hongrie, ont en effet émis des réserves à une telle exclusion. Ils craignaient notamment l'impact d'une telle décision sur les livraisons de gaz russe.
"Une suspension de Swift aurait des répercussions massives (...) pour les entreprises allemandes dans leurs relations avec la Russie, mais aussi pour régler les paiements de livraison d'énergie", s'est justifié vendredi le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit.
Poutine et Lavrov interdits d'entrée aux Etats-Unis
Les Etats-Unis vont également sanctionner Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov, et leur interdire l'entrée sur leur territoire, une décision rarissime contre des dirigeants étrangers, a annoncé vendredi la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.
Une interdiction de voyager vers les Etats-Unis sera "une partie" de ces mesures, prises en représailles à l'invasion de l'Ukraine, a-t-elle indiqué.
"C'est un élément habituel" des sanctions contre des personnalités étrangères, a encore ajouté Jen Psaki, tout en assurant que le détail de ces sanctions historiques contre le président russe serait révélé plus tard.
Les deux hommes rejoignent ainsi une liste de dirigeants directement sanctionnés par les Etats-Unis sur laquelle figurent le leader iranien Ali Khamenei, le président du Venezuela Nicolas Maduro, le dictateur nord-coréen Kim Jong Un, ou encore le président syrien Bachar al-Assad.
Biden veut faire de Poutine un "paria"
"Les sanctions contre le président et le ministre des Affaires étrangères du pays sont un exemple et une démonstration de l'impuissance absolue de votre propre politique étrangère", a répliqué vendredi la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova à la télévision russe.
Jeudi, le président américain Joe Biden a défendu un arsenal de sanctions mises au point par les Etats-Unis et leurs alliés en réponse à l'invasion de l'Ukraine et visant à faire de Vladimir Poutine un "paria" de la scène internationale.
Ces représailles économiques et financières "dépassent tout ce qui a jamais été fait", a soutenu le président américain lors d'une allocution télévisée très attendue depuis la Maison Blanche. Il a assuré jeudi que son homologue russe, après avoir lancé l'invasion de l'Ukraine, allait devenir "un paria sur la scène internationale", et a précisé "ne pas prévoir de parler" avec lui.
Le démocrate de 79 ans a détaillé la réponse, surtout économique, des Occidentaux. Il s'agit de tarir à court terme les flux de financement de la Russie et de compromettre à long terme son développement technologique et militaire, tout en bousculant les richissimes oligarques russes.
Les dix plus grandes institutions financières russes dans le viseur
Désormais, les dix plus grandes institutions financières russes se retrouvent visées par les sanctions occidentales, ce qui compromet leur accès aux marchés financiers internationaux et aux transactions en dollars, la devise reine de la mondialisation.
Joe Biden a encore rappelé qu'il n'était pas question d'envoyer des troupes américaines en Ukraine, qui n'est pas membre de l'OTAN. Il a en revanche promis une nouvelle fois de défendre "le moindre pouce de territoire" de l'alliance militaire. Le Pentagone a d'ailleurs annoncé dans la foulée l'envoi de quelque 7000 soldats supplémentaires en Allemagne.
RTSinfo avec les agences
Les sanctions prévues des autres pays
Le gouvernement britannique a annoncé vendredi avoir gelé les avoirs du président russe Vladimir Poutine et de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Le Trésor a indiqué avoir ajouté les deux hommes à sa liste des entités et individus ciblés par des sanctions en raison de leur rôle dans "la déstabilisation de l'Ukraine" ou "menaçant son intégrité territoriale".
En outre, le secrétaire britannique aux Transports Grant Shapps a annoncé vendredi soir une interdiction avec effet immédiat de l'espace aérien du Royaume-Uni aux avions privés russes.
Jeudi, le Royaume-Uni avait imposé jeudi une nouvelle série de sanctions contre la Russie, interdisant la compagnie aérienne Aeroflot et ciblant le secteur bancaire, les exportations de technologies et cinq hommes d'affaires.
Le Canada annonce une "troisième série de sanctions concertées" a indiqué vendredi le Premier ministre Justin Trudeau, qui vise précisément le président Poutine et son ministre des affaires étrangères Serguei Lavrov, mais aussi le régime du Bélarus "qui a facilité cette invasion".
Ottawa "appuie fortement" le retrait de la Russie du système bancaire Swift, a-t-il aussi déclaré, après les nouvelles mesures punitives lancées par Washington et l'Union européenne notamment.
Le Japon, patrie de l'industriel Fujitsu, a spécifiquement annoncé vendredi le blocage des exportations vers la Russie des "biens à usage général comme les semi-conducteurs"
Des ministres russes sont précisément ciblés par les sanctions: ceux de la Défense, des Finances et de la Justice, ainsi que le groupe de mercenaires russes Wagner, réputé proche du président Vladimir Poutine.
"Nous cessons tous les permis d'exportation pour la Russie", a ajouté Justin Trudeau. Les permis d'exportation suspendus par le Canada valent plus de 700 millions de dollars canadiens (487 millions d'euros) et visent par exemple des entreprises du secteur aérospatial, minier et des technologies de l'information.