Alors que les combats font rage dans le sud et l'est de l'Ukraine, la journée a été "plutôt calme" samedi à Kiev, alors qu'elle avait été "très tendue" la veille, avec de nombreuses alertes et des raids aériens, explique le journaliste français Rémy Ourdan, correspondant de guerre du journal Le Monde, qui se trouve actuellement dans la capitale.
"Les habitants de Kiev en ont profité pour retourner vers la gare centrale. Car ça peut paraître surprenant après 10 jours de guerre, mais les trains vers l'ouest fonctionnent encore", raconte-t-il.
C'est une journée d'organisation pour les nombreuses personnes encore présentes à Kiev, afin de préparer un départ pour certains, mais aussi pour organiser la défense de la capitale. Des dizaines de milliers de jeunes gens préparent la ville à un éventuel assaut de l'armée russe, avec des barricades et des check-points, relate Rémy Ourdan. "Il y a encore beaucoup d'habitants dans la ville qui ne veulent pas devenir des réfugiés sur les routes d'Ukraine et d'Europe", poursuit-il. "Un très fort sentiment patriotique et de résistance s'est développé".
Quant aux potentielles négociations diplomatiques, elles ne suscitent que peu d'illusions parmi la population restée pour combattre. "Ce ne sont pas véritablement des négociations de paix. On ne connaît pas vraiment les détails, mais ce sont plutôt des négociations qui semblent assez techniques", explique le journaliste. "Donc pour l'instant, personne n'espère vraiment qu'elles puissent mettre fin à la guerre."
"Cessez-le-feu"... pour mieux le reprendre
Des négociations devraient toutefois encore avoir lieu ce week-end. Également interrogé jeudi soir dans Forum, le spécialiste en sécurité Alexandre Vautravers estime que l'on peut s'attendre à ce que des cessez-le-feu soient conclus, mais à l'échelle locale, dans un but avant tout tactique. "Les Ukrainiens comme les Russes ont besoin de temps pour préparer leurs outils militaires", dit-il.
De plus, d'éventuels arrêts des combats ne devraient pas concerner la région de Kiev. Selon Alexandre Vautravers, la situation n'est pas comparable sur tous les fronts. "À Kiev, il s'agit pour les Russes d'avancer le plus rapidement possible."
Quant à la situation à Marioupol, elle est complexe, rappelle par ailleurs le spécialiste. "Les couloirs humanitaires, c'est quelque chose de très honorable et encouragé par le droit humanitaire. Mais dans le contexte actuel, c'est aussi une manière pour la Russie de se débarrasser d'une partie gênante de la population qui permet d'éviter des victimes collatérales, mais aussi d'éviter une partie de la résistance", expose-t-il. Il est donc plausible que les autorités ukrainiennes rechignent aussi en partie à évacuer la ville, juge-t-il.