L'étude de la situation en Biélorussie "ne met pas seulement en évidence les violations infligées aux personnes qui essaient d'exercer leurs droits humains fondamentaux, mais souligne l'incapacité des victimes à accéder à la justice", a déclaré la Haute Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, dans la présentation du rapport.
"Les actions à grande échelle et sans relâche menées par les autorités pour écraser la dissidence et réprimer la société civile, les médias indépendants et les groupes d'opposition, tout en protégeant les auteurs de ces actes, témoignent d'une situation d'impunité totale en Biélorussie", a-t-elle insisté.
Des élections jugées "frauduleuses" en 2020
L'homme fort du pays, Alexandre Loukachenko, a remporté un sixième mandat lors des élections en août 2020, largement critiquées par la communauté internationale et l'opposition, qui les ont jugées frauduleuses. Il exerce depuis une répression qui est allée crescendo contre toute forme d'opposition politique et de critique émanant de la société civile.
Fin mars 2021, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a appelé Michelle Bachelet à enquêter sur ces violations. Le rapport porte sur la période précédant les élections du 9 août 2020 ainsi que sur la période post-électorale, jusqu'au 31 décembre 2021. Il s'appuie sur 145 entretiens, ainsi que sur l'analyse d'un "large éventail d'informations et de preuves".
Le document montre qu'entre mai 2020 et mai 2021, au moins 37'000 personnes ont été détenues, dont beaucoup ont été placées en détention administrative pour une durée pouvant aller jusqu'à 15 jours. Sur ce total, quelque 13'500 personnes ont été arrêtées et détenues arbitrairement entre le 9 et le 14 août seulement.
Mauvais traitements "généralisés et systématiques"
Selon les informations recueillies par l'ONU, la torture et les mauvais traitements étaient "généralisés et systématiques", les personnes étant ciblées pour leur opposition réelle ou supposée au gouvernement ou aux résultats des élections.
De nombreuses victimes ont craint de porter plainte, tandis que celles qui l'ont fait ont vu leurs dossiers rejetés, indique l'ONU.
Des centaines de personnes encore détenues
Le Haut Commissariat indique avoir des motifs raisonnables de croire que 969 personnes étaient encore emprisonnées fin 2021 pour des motivations politiques. Au 4 mars, ce chiffre était passé à 1084. Plusieurs d'entre elles ont été condamnées à des peines de prison de 10 ans ou plus.
Le rapport conclut que l'ampleur des violations, leur caractère "généralisé et systématique", ainsi que les preuves révélant l'existence "d'une politique officielle" de ces violations par de multiples organes de l'Etat nécessitent une évaluation plus approfondie des preuves disponibles du point de vue du droit pénal international.
Les auteurs de violations "activement" protégés
Outre l'absence d'enquêtes, "il y a eu une politique active visant à protéger les auteurs de ces violations et à empêcher qu'ils aient à rendre des comptes, comme en témoignent le niveau des représailles, l'intimidation des victimes et des témoins, les attaques contre les avocats et les défenseurs des droits humains", indique le rapport.
afp/oang