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L'Europe, nouveau "point chaud" du commerce mondial des armes

L'Allemagne compte acheter jusqu'à 35 avions de combat F35 américains. [Keystone - EPA/Yonhap]
L'Europe, nouveau "point chaud" du commerce mondial des armes / La Matinale / 24 sec. / le 14 mars 2022
L'Europe a affiché la plus forte croissance du commerce des armes lors des cinq dernières années et la tendance va fortement s'accélérer avec les annonces de réarmement face à la nouvelle menace russe, selon un rapport de référence publié lundi.

Lors de la période 2017-2021, le commerce mondial d'armement a reculé de 4,6% par rapport aux cinq années précédentes, mais a bondi de 19% sur le continent européen, selon cette étude de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

"L'Europe est le nouveau point chaud", souligne Siemon Wezeman, coauteur de ce rapport annuel depuis plus de trois décennies.

Plusieurs pays européens dont l'Allemagne ont déjà annoncé des plans massifs d'investissement militaire (voir encadré).

>> Lire : L'avion de combat américain F-35 a été choisi par le Conseil fédéral

Avions de combat - avec en tête le très moderne mais onéreux F-35 américain - missiles, artillerie et autres équipements lourds devraient nourrir les armées de pays européens inquiets après l'invasion de l'Ukraine ordonnée par Vladimir Poutine.

"La plupart de ces choses prennent un peu de temps, il faut décider, commander, et puis produire, donc ça prend quelques années au moins. Mais en réalité la tendance a déjà commencé après l'annexion de la Crimée en 2014, et on en voit déjà les effets aujourd'hui", observe Siemon Wezeman.

Un commerce de 100 milliards de dollars

La part de l'Europe dans le commerce mondial est ainsi passée de 10 à 13% lors des cinq dernières années et cette part va encore augmenter de façon "substantielle", selon lui.

S'il est difficile à chiffrer du fait de l'opacité de nombreux contrats et des dons d'armes, le commerce mondial d'armement avoisine bon an mal an les 100 milliards de dollars annuels, selon les experts.

Selon le Sipri, l'Asie-Océanie est restée la principale zone d'importation lors des cinq dernières années, avec 43% des transferts d'armes mondiaux et six des dix plus grands importateurs (Inde, Australie, Chine, Corée du Sud, Pakistan et Japon).

Le commerce d'armement vers la zone la plus peuplée du monde a décliné d'environ 5% ces cinq dernières années, même si dans le détail, l'Asie de l'Est (+20%) et l'Océanie (+59%) affichent de fortes progressions, sur fond de tensions croissantes entre Pékin et plusieurs capitales asiatiques.

"Les tensions entre la Chine et plusieurs pays d'Asie et d'Océanie sont le moteur principal des importations dans la région", observe le Sipri.

Au Moyen-Orient, deuxième marché avec 32% des importations mondiales, la progression a été de 3%, tirée notamment par les investissements du Qatar face aux tensions avec ses voisins du Golfe.

Les Amériques et l'Afrique ont elles vu leurs parts décliner fortement, tombant à environ 6% respectivement.

afp/lan

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lnde et Arabie saoudite en tête des importations

Par pays, l'Inde et l'Arabie saoudite se partagent la première place mondiale des importations, avec 11% chacune, devant l'Egypte (5,7%), l'Australie et la Chine (4,8%).

Dans le top 5 mondial des exportateurs d'armement, les Etats-Unis - de loin leader mondial - et la France, numéro 3, ont vu leur part nettement progresser en cinq ans, passant respectivement de 32 à 39% et d'environ 6% à 11%.

La Chine, quatrième exportatrice mondiale (4,6%) et l'Allemagne, numéro cinq (4,5%) ont gardé leur rang mais ont vu leur part s'éroder légèrement.

La Russie occupe toujours le deuxième rang, mais sa part a reculé à 19%. Notamment à cause de la baisse des débouchés en Chine, devenue quasi complètement indépendante des armes russes.

L'Allemagne compte acheter jusqu'à 35 avions de combat F35

L'Allemagne a décidé de remplacer sa flotte vieillissante de chasseurs Tornado par des F-35 furtifs américains et des Eurofighter.

Il est "correct" que Berlin a l'intention d'acquérir jusqu'à 35 avions F-35 et 15 Eurofighter, a indiqué lundi une source parlementaire à l'AFP sous couvert de l'anonymat, confirmant des informations de médias allemands.

Le principe de cette décision a été communiquée à des parlementaires de la Commission de la Défense du Bundestag, dont certains se réunissent en fin d'après-midi sur le sujet.

La question du remplacement des Tornado, vieux de plusieurs décennies et dont les coûts de maintenance explosent, occupe de longue date la classe politique allemande.

Mais avec l'invasion en cours de l'Ukraine par la Russie, l'heure n'est plus au débat.

Dans un discours au Bundestag fin février, le chancelier social-démocrate Olaf Scholz avait annoncé un changement radical de la politique de sécurité allemande, illustré par une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d'euros pour moderniser son armée et des dépenses chaque année d'au moins 2% de son PIB dans la défense. Soit plus que ce que demande l'Otan.