"Liberta, Liberta !": capuches sur la tête pour les plus jeunes ou parapluie pour les plus âgés, toutes les générations étaient représentées dans la foule où le noir prédominait et sur laquelle flottaient de nombreux drapeaux corses. Ils étaient 7000 manifestants selon la préfecture, 10'000 selon les organisateurs du rassemblement.
La colère a débordé dès l'arrivée du cortège à la préfecture, avec des échauffourées entre les forces de l'ordre et 200 à 300 manifestants encagoulés: gaz lacrymogènes et canons à eau d'un côté, cocktails molotov et cailloux récupérés sur des voies ferrées de l'autre.
Près de 70 blessés
Selon le dernier point de la préfecture, 67 personnes ont été blessées, dont 44 membres des forces de l'ordre. A la dispersion de la marche, en fin d'après-midi, de nombreux heurts ont éclaté entre les forces de l'ordre et des groupes de jeunes particulièrement virulents, dégénérant en quasi-guérilla urbaine avec la tombée de la nuit.
Condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, Yvan Colonna est dans le coma depuis son agression le 2 mars par un codétenu emprisonné pour "terrorisme".
Depuis, les manifestations se sont multipliées sur l'île méditerranéenne, à l'appel d'étudiants, de lycéens, d'organisations nationalistes et de syndicats. "Etat français assassin", peut-on lire sur plusieurs banderoles.
Transfert demandé de longue date
"La colère et l'indignation s'expriment", a concédé Gilles Simeoni, président autonomiste du Conseil exécutif de Corse et ancien avocat d'Yvan Colonna. "Le peuple corse tout entier est mobilisé contre l'injustice, l'exigence de vérité et au-delà pour une véritable solution politique" entre l'Etat et la Corse.
En fin de semaine, le gouvernement français a tenté "l'apaisement" en annonçant le transfert sur l'île de deux autres membres condamnés du "commando Erignac". Mais ce geste n'a pas réussi à étouffer les tensions.
Emprisonné à Arles (sud de la France), Yvan Colonna demandait aussi de longue date d'être transféré en Corse, ce qui lui a toujours été refusé.
afp/gma
Le gouvernement appelle au calme
Le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin condamne "fermement" les violences de ces derniers jours en Corse. Il appelle à un "retour au calme sans délai", "calme sans lequel aucun dialogue ne peut débuter".
Le ministre se rendra en Corse mercredi et jeudi pour "ouvrir" un "cycle de discussions" avec "l'ensemble des élus et des forces vives de l'île", a-t-il annoncé lundi.
Le gouvernement a "entendu les demandes des élus de Corse sur l'avenir institutionnel, économique, social ou culturel" de la Corse, ajoute le ministre, notamment "celles du président du conseil exécutif Gilles Simeoni", qui réclame entre autres revendications un statut d'autonomie pour la Corse.