Vers un procès retentissant dans le scandale Wirecard en Allemagne

L'affaire Wirecard, plus grand scandale financier ayant jamais touché l'Allemagne de l'aveu même du gouvernement, fait désormais l'objet d'un acte d'accusation de 474 pages. Dans ce document, le parquet de Munich charge lourdement l'ancien PDG Markus Braun, actuellement en détention provisoire.

Une success-story trompeuse

Cet Autrichien d'une cinquantaine d'années avait été l'artisan de la success-story trompeuse de cette start-up devenue en deux décennies le fleuron allemand des paiements numériques, coté en bourse et l'un des principaux concurrents de Paypal.

Mais Wirecard s'est effondré en juin 2020 lorsque ses dirigeants ont avoué que 1,9 milliard d'euros d'actifs, soit un quart de la taille du bilan, n'existaient pas en réalité. Depuis lors, le parquet de Munich mène une enquête criminelle complexe, aux multiples ramifications internationales, pour démêler l'écheveau des responsabilités.

Fraude en bande organisée

Dans un communiqué publié lundi, les procureurs mettent en accusation Markus Braun, ainsi que deux autres anciens cadres, pour une série de délits passibles de plusieurs années de prison, incluant ceux de fraude en bande organisée et de manipulation de marché. C'est désormais au tribunal de décider du renvoi des accusés en procès.

Les enquêteurs ont mené de multiples perquisitions à l'étranger, demandé l'entraide judiciaire en France, en Grande-Bretagne et au Luxembourg, et dans les paradis fiscaux tels l'île de Man, le Liechtenstein et l'île Maurice.

Pour le parquet, un groupe d'individus "à l'intérieur et à l'extérieur de Wirecard AG, a travaillé pendant des années pour s'assurer que la société était perçue comme une entreprise à croissance rapide et extrêmement prospère qui a même fait son entrée dans le Dax", l'indice des plus grandes valeurs cotées en Allemagne.

Emprunts aux montants colossaux

L'acte d'accusation met en avant 26 cas de manipulation de marché, pour faire apparaître l'entreprise plus saine et performante qu'elle ne l'était réellement. Par ce biais, l'entreprise a pu obtenir quatre prêts d'un montant d'environ 1,7 milliard d'euros et lever deux obligations d'environ 1,4 milliard d'euros.

Alors que l'ex-PDG est en détention provisoire depuis l'éclatement de l'affaire, les recherches se poursuivent pour localiser son bras droit, Jan Marsalek, en fuite depuis 2020.

afp/oang