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Onze ans de conflit en Syrie et des similitudes évidentes avec l'Ukraine

L'Ukraine était en bonne place dans la manifestation à Idleb, en Syrie, 15.03.2022. [Reuters - Khalil Ashawi]
Onze ans de conflit en Syrie: 350'000 morts et des centaines de milliers d'handicapés / La Matinale / 1 min. / le 15 mars 2022
Des milliers de manifestants opposés au régime de Damas se sont rassemblés mardi à Idleb et d'autres villes du nord-ouest de la Syrie. Ils marquaient ainsi le 11e anniversaire du conflit qui ravage leur pays avec, comme en Ukraine, un rôle central joué par la Russie.

Rassemblées sur la place principale d'Idleb, plus de 5000 personnes ont pris part à l'un des rassemblements les plus importants depuis des mois dans cette dernière enclave résistant au régime de Bachar al-Assad, malgré des années d'offensives meurtrières soutenues par la Russie. Idleb compte actuellement environ quatre millions d'habitants, dont au moins la moitié sont des personnes déplacées.

Galvanisés par les événements en Ukraine

Des milliers de personnes ont également manifesté dans d'autres localités du nord-ouest de la Syrie, comme à al-Bab, dans la province d'Alep. Les protestataires espèrent désormais que l'invasion lancée en Ukraine le 24 février par Moscou, soutenue ouvertement par Bachar al-Assad, suscite un nouvel intérêt pour leur propre cause.

Déclenché le 15 mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie et opposant initialement armée et rebelles, la guerre en Syrie s'est complexifiée au fil des années, laissant un pays ravagé et divisé. Le conflit, impliquant rebelles, djihadistes, puissances régionales et internationales, a fait un demi-million de morts.

Une intervention russe qui a tout changé

L'intervention militaire de la Russie en faveur du régime de Damas en 2015 a changé le cours de la guerre en anéantissant les espoirs de millions de Syriens de renverser le régime.

L'aviation russe a ciblé à plusieurs reprises des hôpitaux, selon des témoins, des médecins et des ONG. Les tactiques de guerre adoptées depuis l'invasion de l'Ukraine ressemblent du reste à celles éprouvées par Moscou en Syrie, où les Russes ont testé la plupart de leurs armes.

Par ailleurs, Moscou recruterait actuellement des milliers de combattants en Syrie, de l'armée régulière et des milices, pour les déployer en Ukraine (lire encadrés).

Appel à "ne pas oublier la Syrie

Alors que le conflit entame sa 12e année, le secrétaire général de l'ONG Norwegian Refugee Council (NRC), Jan Egeland, a exhorté la communauté internationale à ne pas oublier la Syrie.

"Tandis que nous constatons avec choc et horreur ce qui se passe en Ukraine, cela nous rappelle les souffrances intenses endurées par la population syrienne, qui s'aggravent", a-t-il déclaré.

Une terrible crise économique

La Syrie est confrontée à une grave crise économique, marquée par une dépréciation de la monnaie nationale, une explosion de l'inflation et aggravée par les sanctions occidentales et la pandémie de Covid-19.

La Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a appelé la semaine dernière à "évaluer la mise en oeuvre et l'impact des sanctions" imposées au pays, soulignant une détérioration des conditions de vie de la population.

oang avec afp

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"Le monde n'a pas retenu les leçons de la Syrie"

Alors que les bombardements se poursuivent en Ukraine, la Syrie a franchi ce 15 mars le cap des 11 ans de guerre et de répression. Certaines similitudes sont du reste évidentes entre les deux conflits, au coeur desquels se retrouvent piégés les civils.

Interrogé dans le 12h30 de la RTS, le médecin suisso-syrien Tawfik Chamaa en a témoigné. Il est le porte-parole en Suisse de l'Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux (UOSSM), ONG médicale qui travaille avec les populations victimes du conflit syrien et qui vient d'ouvrir un poste médical à la frontière polonaise, côté ukrainien.

Depuis longtemps, Tawfik Chamaa n'a cessé d'appeler à ne pas "normaliser" les horreurs commises en Syrie. Et aujourd'hui, dit-il, "nous allons avoir une répétition parce qu'on donne carte blanche à ceux qui sont capables de répéter [ces horreurs]. On se retrouve de nouveau avec des civils bombardés, avec des hôpitaux bombardés, avec des femmes et des enfants dans les rues. Nous avons vécu ça et nous le revivons avec un grand regret. L'humanité doit réapprendre à apprendre des leçons du passé".

>> L'interview de Tawfik Chamaa dans le 12h30 :

Tawfik Chamaa, médecin, coordinateur de l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM). [Keystone - Martial Trezzini]Keystone - Martial Trezzini
Il y a 11 ans éclatait la guerre en Syrie: interview de Tawfik Chamaa / Le 12h30 / 3 min. / le 15 mars 2022

Une liste de 40'000 Syriens prêts à combattre en Ukraine

La Russie a établi des listes de 40'000 combattants de l'armée syrienne et de milices alliées, prêts à être déployés en Ukraine, a affirmé mardi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Moscou avait annoncé le 11 mars que les volontaires, y compris ceux venant de Syrie, étaient les bienvenus pour combattre en Ukraine aux côtés de l'armée russe.

Selon l'OSDH, des officiers russes, en coordination avec l'armée syrienne et des milices alliées, ont ouvert des bureaux d'enregistrement dans des zones tenues par le régime de Damas.

Ces combattants sont issus soit d'unités de l'armée régulière syrienne, soit des milices pro-régime formées par les Russes et ayant l'expérience des combats en zone urbaine, d'après la même source.