Le début du discours d'Emmanuel Macron était fortement adossé à l'actualité. Il a dit vouloir une France "plus indépendante" dans une "nouvelle époque marquée par le retour des crises et de la guerre".
Pour mieux protéger le pays, le candidat-président veut une armée dotée de davantage de moyens. En matière d'énergie, il veut miser sur le duo nucléaire-renouvelable pour devenir moins dépendant de l'étranger. La culture et l’information doivent, elles aussi, rester libres et indépendantes. Il propose même la création d’un "metaverse européen".
Contre "le repli" et "la nostalgie"
A 25 jours du premier tour, le grand favori de la présidentielle française a dénoncé les projets d'autres candidats qui mettent en avant "le repli, le retour à une forme de nostalgie, parfois d'ailleurs la nostalgie de ce qui n'a jamais été".
Il s'agissait d'une allusion à ses rivaux d'extrême droite Marine Le Pen (RN), donnée dans les sondages en deuxième position, et Eric Zemmour (Reconquête!).
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Deux mesures phares sur le social
Sur les sujets sociaux et économiques, Emmanuel Macron a lancé une formule qui résume sa vision: "travailler plus".
Mais deux mesures vont faire bondir la gauche: il veut tout d'abord conditionner le RSA (prestation sociale minimale octroyée aux personnes sans revenu) à 15-20 heures d’activité hebdomadaires permettant d’aller vers l’emploi, comme un stage ou une formation. Emmanuel Macron estime que la prestation financière ne peut pas être le seul outil pour lutter contre la pauvreté.
L’autre mesure, qui s‘ancre dans une vision libérale, était déjà connue: le report de l’âge de la retraite à 65 ans, réforme majeure avortée et qui sera remise sur tapis.
Emmanuel Macron refait également de la lutte contre les inégalités un axe fort, comme en 2017. Il dit vouloir les corriger à la racine et non a postériori. Le candidat a notamment détaillé des mesures pour une société plus inclusive, avec le grand chantier relancé de l’école.
Un programme à 50 milliards d'euros
Le candidat à sa réélection a évalué le coût de son programme pour la présidentielle à 50 milliards d'euros (52 milliards de francs) par an jusqu'en 2027. Il prévoit 15 milliards d'euros (16 milliards de francs) par an de baisses d'impôts, pour moitié bénéficiant aux ménages, pour moitié aux entreprises.
Ces dépenses, en particulier pour l'éducation, la santé et l'autonomie, seront financées notamment par des économies et par la réforme des retraites, avec le prolongement des années de travail.
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oang avec Alexandre Habay et afp
"Convention citoyenne" sur la fin de vie
Emmanuel Macron estime qu'une "convention citoyenne" serait adaptée pour trancher le débat sur la fin de vie dans le cadre d'un éventuel second mandat.
"Sur ce sujet, je souhaite que nous puissions avancer de manière apaisée, c'est pourquoi je pense que c'est un bon sujet pour une Convention citoyenne", a fait valoir le président sortant, en ajoutant que "sur la base des conclusions" d'une telle Convention, il soumettrait "à la représentation nationale ou au peuple le choix d'aller au bout du chemin qui sera préconisé".
Le sujet de la fin de vie est régulièrement présenté comme l'un des principaux sujets sociétaux de l'élection présidentielle, tant par ses partisans que ses détracteurs.
François-Xavier Bourmaud: "la guerre en Ukraine lui permet de se positionner en surplomb"
Jeudi, Emmanuel Macron a présenté son programme devant les médias lors d'une allocution qui a duré près de quatre heures.
Pour François-Xavier Bourmaud, grand reporter au service politique du journal Le Figaro, cet événement ressemblait beaucoup à une sorte de "discours de mi-mandat" qui donnait l'impression que l'élection à venir n'allait être qu'une "formalité."
Pour le journaliste, auteur de plusieurs livres sur Emmanuel Macron, l'actuel président a voulu montrer sa "maîtrise des dossiers" dans une "démonstration de force".
Un "bonus" Ukraine
L'actuel locataire de l'Elysée partant largement favori à la présidentielle, François-Xavier Bourmaud estime qu'il n'a pas à forcer, ni à vraiment rentrer dans le débat politique pour être réelu. Il peut compter sur son mandat actuel, et, depuis quelques semaines, sur une sorte de "bonus" fourni par la guerre en Ukraine, qui lui permet de se positionner "en surplomb" par rapport aux autres candidats.
Sur le programme en lui-même, le grand reporter juge qu'Emmanuel Macron a cette fois-ci "pillé les propositions de droite", la retraite à 65 ans de Valérie Pécresse, la baisse des droits de succession d'Eric Zemmour, l'augmentation des prestations sociales pour les mères célibataires de Marine Le Pen n'étant que des exemples parmi d'autres.
"En 2017, Emmanuel Macron a réussi une synthèse entre la droite du PS et la gauche des Républicains. Cet espace électoral n'a pas varié et le président a toujours été crédité au moins de 24 à 25% dans les sondages", explique-t-il.
"Ces propositions sont là pour asphyxier la droite, car c'est la droite qui est son principal concurrent", conclut-il.