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Guerre en Ukraine, pandémie, réchauffement: comment la peur traverse nos sociétés

Un panneau "Danger radiation" près de la centrale de Tchernobyl. [AP Photo - Sergei Grits]
Les mécaniques de la peur en société / La Matinale / 3 min. / le 22 mars 2022
La guerre en Ukraine suscite de nombreuses peurs dans la population. A une époque où les sources d'angoisses tendent à se multiplier, la peur est plus que jamais un outil puissant. Lorsqu'elle ne tétanise pas, elle peut pousser à agir ou à unir une communauté.

Les anthropologues estiment que la peur est la plus puissante des six émotions primaires (joie, tristesse, dégoût, peur, colère et surprise). Émotion individuelle, la peur peut devenir une expérience sociale. Elle peut ainsi facilement être utilisée pour manipuler. Lorsque Vladimir Poutine évoquait la bombe nucléaire par exemple, nous avons été nombreux à nous demander où se trouvaient les différents abris anti-atomiques.

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La peur peut aussi être un outil pour réveiller les consciences. Il y a dix jours, le réalisateur français habitant à Kiev Olias Barco a diffusé une vidéo virale d'un faux bombardement de Paris. Vue plus de 500 millions de fois, elle a fortement marqué les esprits.

Différentes réactions possibles

Face à cette peur, le réalisateur Olias Barco a fait le choix de prendre les armes en rejoignant l'armée ukrainienne. La peur peut toutefois provoquer toute une variété de réactions.

Notre situation géographique, notre histoire ou ce que nous possédons influence notre façon de réagir. L'intensité de notre réaction varie également en fonction de la signification que l'on accorde aux différents risques. On peut alors fuir, se battre, ou se figer.

>> Les conseils de la psychiatre Lamyae Benzakour pour gérer l'anxiété liée à la guerre :

Comment gérer l'anxiété liée à la guerre ?
Comment gérer l'anxiété liée à la guerre ? / Nouvo News / 11 min. / le 18 mars 2022

Unir une communauté

Invitée dans La Matinale, Andrea Boscoboinik, maître d'enseignement et de recherche en anthropologie sociale à l'Université de Fribourg, rappelle que la peur peut aussi être une base d'unité de la société.

"On pense souvent que la peur est quelque chose de négatif, mais elle peut aussi être salvatrice, car elle peut faire toute la différence entre la vie et la mort. Cette peur collective partagée par l'ensemble d'une communauté peut donner lieu à une meilleure cohésion sociale en raffermissant les liens sociaux face à ce qui fait peur. Des individus se réunissent non pas parce qu'ils partagent la même langue, la même religion ou les mêmes valeurs, mais parce qu'ils partagent une peur commune."

Multiplication des peurs

Nos sociétés semblent aujourd'hui confrontées à une situation historique face à la peur. L'humanité se trouve en effet face à un moment inédit, selon l'anthropologue Andrea Boscoboinik. Elle estime qu'on assiste à la multiplication des sources de peur.

"On se trouve maintenant dans une conjonction de plusieurs menaces et donc dans une situation de peurs multiples. On se trouve dans un moment historique. Souvent, il y a une peur qui prédomine. Il n'y a pas si longtemps, on avait peur de la pandémie, peur de tomber malade, peur pour nos proches."

"Et maintenant on se trouve en présence de toutes les peurs de l'humanité: la peur d'une guerre conventionnelle, mais aussi la peur d'une cyber-guerre, ou la peur de la famine, du black-out, de l'augmentation des prix". Peurs auxquelles vient s'ajouter celle du changement climatique.

>> Écouter Le Point J sur l'utilité des rapports du GIEC :

A quoi servent les rapports du GIEC? [Center for Ageing Better - Pexels]Center for Ageing Better - Pexels
A quoi servent les rapports du GIEC? / Le Point J / 12 min. / le 21 mars 2022

Foued Boukari/asch

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