"Nous essayons de bombarder de façon très délicate", affirme l'ambassadeur russe à l'ONU
Interrogé sur le massacre de civils, de femmes et d'enfants commis en Ukraine, l'ambassadeur, qui appartient au premier cercle diplomatique du Kremlin, retourne la responsabilité des faits: "Nous sommes en faveur d'arrêter le massacre, mais vous devez regarder la situation réelle: le massacre est perpétré par l'autre partie, par les radicaux ukrainiens et les néo-nazis. Nous n'envahissons pas l'Ukraine, nous conduisons des opérations militaires limitées, parce qu'il n'était pas possible de tolérer plus de souffrances pour les Russes qui vivent depuis 8 ans dans le Donbass".
Informations déformées
Face aux témoignages accablants sur les bombardements par exemple de Marioupol, Gennady Gatilov minimise les faits présentés: "Je vous invite à ne pas regarder seulement les informations que vous recevez des médias occidentaux, parce qu'elles sont déformées de plusieurs manières".
Selon lui, les médias occidentaux ne sont pas équilibrés. "Vous devez aussi regarder ce que diffuse la télévision russe. Nous ne combattons pas des Ukrainiens ou d'autres personnes, mais les bataillons néo-nazis, et nous attaquons les installations militaires. C'est pourquoi cette opération prend tellement de temps".
Ne pas faire comme les Américains
Selon l'ambassadeur russe auprès de l'ONU, si l'opération est toujours en cours, c'est parce que la Russie essaie de ne pas faire comme les Américains au Vietnam, en Afghanistan ou en Irak, en bombardant à large échelle les zones où vivent des civils. "Nous essayons de le faire de manière très délicate, sans blesser les populations civiles. Nous avons une guerre de l'information. Beaucoup de 'fake news' sont montrées sur les écrans de télévision".
La Russie va se retrouver avec une Ukraine détruite, une OTAN renforcée et des sanctions européennes très dures. Le pays n'a-t-il pas tout perdu? "Bien sûr, nous souffrons des sanctions", reconnaît le diplomate. "Mais nous devons en finir avec les néo-nazis, parce que cela crée une menace non seulement pour la Russie, mais vous verrez dans le futur, si ça continue, cela créera une menace pour toute l'Europe, et cela créera une nouvelle Guerre froide", avertit Gennady Gatilov.
La Russie n'a toutefois pas l'intention de "dénazifier" d'autres pays européens. "Ce n'est pas notre but. Notre but, c'est de sauver avant tout les populations russes en Ukraine."
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz