Barricadée, Odessa retient son souffle dans l'attente d'un assaut russe

"Nous avons constaté une augmentation de l'activité navale dans le nord de la mer Noire", a indiqué lundi un haut responsable du ministère américain de la Défense. "Les Russes ont un peu plus d'une douzaine de navires de guerre" dans cette zone, notamment des navires amphibies, des bâtiments de combat, des démineurs et des patrouilleurs, a-t-il affirmé. Mais "nous pensons qu'il serait faux de conclure que c'est un signe qui montrerait qu'Odessa est sous la menace imminente d'un assaut amphibie", a-t-il précisé.

L’armée russe a ciblé pour la première fois lundi l'un des faubourgs de cette ville qui est la troisième d'Ukraine. Il n'y aurait pas eu de victimes, selon les autorités de la ville. L'envoyée spéciale de la RTS Maurine Mercier, qui s'est rendue sur place, a confirmé dans l'émission Forum que le calme était ensuite revenu dans cette banlieue sud-ouest.

Tirs interceptés par la défense anti-aérienne

De manière générale, le système de défense anti-aérien d'Odessa semble efficace. Les bruits sourds entendus plusieurs fois par jour "sont le signe que le système de défense a intercepté dans les airs les drones que les Russes utilisent pour relever des lieux stratégiques de défense qu’ils souhaitent rompre", a-t-elle expliqué. Et les habitants plaisantent désormais en les entendant.

"Au début, à chaque alerte, nous descendions nous abriter dans le parking souterrain", explique une femme dans la quarantaine interrogée chez elle. "Et puis, si j’ose dire, on s’est habitués. On ne descend plus maintenant lors des alertes, on reste ici dans l’appartement".

"C’est une bonne nouvelle", disent les habitants d'Odessa à propos de ces bruits de guerre qui sont presque synonymes de soulagement: les roquettes russes n’atteignent pas la ville, elles sont interceptées par la défense anti-aérienne.

Et bon nombre de citoyens et militaires encore présents à Odessa sont déterminés non seulement à se défendre contre l’invasion mais aussi à contre-attaquer, témoigne l'envoyée spéciale de la RTS. Ils rêvent de chasser l’armée russe, y compris de la Crimée et des régions du Donbass prises en 2014. D’autant que la Crimée sert aujourd'hui de base pour viser le sud de l'Ukraine.

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Comment le maire a retourné sa veste

Ville russophone, partagée entre habitants prorusses et pro-ukrainiens, Odessa est aujourd’hui largement unie contre Vladimir Poutine. Son maire a changé de camp au moment de l'invasion et a entièrement recouvert la mairie aux couleurs de l’Ukraine. "Aujourd’hui on dirait qu’il soutient l’Ukraine. Les gens ont simplement retourné leur veste lorsque la guerre a commencé", réagit une habitante.

"Avant cette guerre, j’étais prorusse, je pensais que c'était nos amis, nos frères", confie un autre. "J’ai vite changé d’avis avec les premiers missiles, ce sont mes ennemis aujourd’hui". Mais tout le monde n'a pas viré casaque et nombre d'habitants prorusses se terrent désormais.

La traque aux infiltrés venus de Russie

Partout en ville, des brigades de jeunes volontaires ont pris les armes et contrôlent les identités. Ils ont pour mission de traquer les infiltrés russes. Un de leurs responsables a accepté une interview par téléphone, malgré l'interdiction de parler à la presse. "Ces groupes armés russes se sont infiltrés ici juste avant le début de la guerre", affirme-t-il. "Odessa est une grande ville, importante, avec un port. Ils sont des centaines ici et nous devons les neutraliser".

"Ils repèrent les casernes, nos systèmes de défense pour envoyer les coordonnées à l’armée russe qui ensuite les bombarde", ajoute ce volontaire. *C’est ce qui vient d’arriver à Mykolaïv. On a perdu ainsi des dizaines de nos soldats dans une frappe. Un infiltré a donné les coordonnées GPS de la caserne. Nos soldats venaient de changer d’endroit".

>> Le reportage diffusé dans La Matinale de mardi :

Maurine Mercier/oang