C'est devant la presse qu'Emmanuel Macron a présenté son programme jeudi 17 mars. Et il a pris le temps: quatre heures pour exposer une trentaine de mesures phare et répondre aux questions de 320 journalistes triés sur le volet, dont plusieurs dizaines de médias internationaux.
Le président-candidat, actuel favori de la présidentielle en avril dont la campagne est largement éclipsée par la guerre en Ukraine, s'est engagé pour une "nation plus indépendante", notamment sur le plan militaire, pour défendre la France face aux "futures crises", promettant aussi d'"investir massivement" sur les plans agricole et industriel.
Un sujet sensible
Puis Emmanuel Macron a promis 15 milliards d'euros de baisses d'impôts et assuré viser le "plein emploi" d'ici cinq ans. Il a aussi abordé un sujet traditionnellement source de tension en France, l'âge du départ à la retraite qu'il propose de relever progressivement à 65 ans.
"Nous devons travailler plus", a-t-il lancé. "La réforme que je propose est différente de celle de 2017. Parce que les conditions macroéconomiques ne sont pas les mêmes, parce que le pays continue de se transformer", a-t-il précisé. Le projet de retraite à points avait suscité une vive résistance des syndicats et dans la rue, avant d'être abandonné en raison de la pandémie de Covid-19.
Le 10 avril, vous votez pour la retraite à 65 ans avec Macron ou pour la retraite à 60 ans avec Mélenchon
A gauche, les candidats ont saisi la balle au bond. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, 70 ans, a dénoncé "une politique datée des années folles du libéralisme". La candidate socialiste Anne Hidalgo a pour sa part critiqué un programme d'une "violence sociale inouïe".
Le candidat communiste Fabien Roussel a lui mis en garde contre le risque qu'une campagne a minima n'aboutisse à une forte abstention et une faible légitimité en cas de réélection.
Possible remake
Dans le camp Pécresse, qui craint le "vote utile" à droite en faveur d'Emmanuel Macron, on s'est efforcé de se démarquer du président-candidat, après l'avoir accusé de piller ses idées. Un argument dont s'est aussi emparé son rival d'extrême droite Eric Zemmour qui n'a de cesse de comparer Valérie Pécresse et Emmanuel Macron à des "clones".
En perte de vitesse dans les sondages, le candidat du parti Reconquête a aussi tiré sur sa voisine d'idées Marine Le Pen lors d'un meeting à Metz. "Ils organisent la réélection de Macron et c’est Marine Le Pen qui lui fera la courte-échelle. Elle l'a déjà fait une fois, elle connaît son rôle par cœur", a-t-il critiqué. Et un remake de 2017, où Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'étaient affrontés au 2e tour, c'est ce qu'espère Marine Le Pen.
La candidate du Rassemblement national, qui reproche à Emmanuel Macron d'avoir pendant cinq ans "fait une gestion de technicien, confiée à des techniciens", tire parti de sa campagne centrée sur le pouvoir d'achat. A 20 jours du scrutin, elle est créditée de 18,5% des voix au premier tour, selon un sondage Ifop-Fiducial publié lundi.
Anne Fournier et Juliette Galeazzi