Bombarder, déployer des blindés, anéantir les moyens aériens de l'Ukraine: les forces de Vladimir Poutine semblent basculer vers une guerre d’usure, après avoir échoué à remporter des gains rapides au début de l'invasion.
Selon Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU, invité jeudi dans La Matinale, deux raisons expliquent cet enlisement. "D’une part, la stratégie choisie par Poutine, celle d’une guerre éclair, n’a pas fonctionné. Il a livré une mauvaise appréciation sur la capacité de l’armée ukrainienne à résister. Il a surestimé la capacité de ses propres forces".
Manque de renforts
Le rouleau compresseur russe n’est ensuite pas parvenu à conquérir les principales villes ukrainiennes. "Les ressources militaires russes s’épuisent et l’offensive russe piétine. En termes d’hommes, les pertes (ndlr: morts et blessés) sont estimées à 20% des effectifs".
Un chiffre vertigineux, relève Dominique Trinquant. "Dans les armées occidentales, au-delà de 10% de pertes, on change les unités. Le problème est que la Russie n’en est pas capable, elle n’a pas suffisamment de renforts à envoyer".
D'après Washington, la Russie a amplifié ces derniers jours ses opérations aériennes et navales dans le pays face à la résistance des forces ukrainiennes, qui continuent de freiner l'avancée ennemie.
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Acte de propagande
En outre, les Russes ont annoncé récemment avoir utilisé deux missiles hypersoniques sur le territoire ukrainien. Des armes qui échappent aux défenses antiaériennes classiques. Leur emploi est une première pour Moscou. "C’est à la fois une marque de faiblesse de l’aviation russe mais aussi un acte de propagande", analyse Dominique Trinquand.
Faute d'avancées significatives, l'offensive russe semble s'être muée en guerre de sièges, visant à terroriser et démoraliser les Ukrainiens, dont 10 millions ont déjà fui leur foyer.
Propos recueillis par Valérie Hauert
Texte web: Hélène Krähenbühl