Yevhenia Filipenko: "Une solution pacifique ne sera pas faite aux dépens de la souveraineté de notre pays"
Bravoure de l'armée ukrainienne, défaillance des troupes russes, peut-être un peu des deux. Le fait est que trente jours après les premiers bombardements, l'Ukraine est encore debout, alors que la plupart des experts militaires prédisaient une victoire rapide de Moscou, tant les forces en présence apparaissaient disproportionnées.
Pour Yevhenia Filipenko, cette réussite s'explique avant tout car les Ukrainiennes et les Ukrainiens savent ce qui est en jeu dans ce conflit.
"Nous savons pourquoi nous luttons. Nous luttons pour notre pays, notre futur, nos enfants et nous luttons, comme l'a dit le président Zelensky, pour notre liberté. Pas seulement pour la liberté de l'Ukraine, mais pour celle de l'Europe et du monde", explique la diplomate dans le 19h30. "Nous luttons pour la bonne cause et nous avons de bonnes raisons de défendre notre pays, notre présent, notre futur et nous continuerons de résister et, finalement, nous gagnerons."
Une intégrité territoriale non négociable
Mais derrière ce discours conquérant, l'ambassadrice juge aussi que la fin du massacre serait la bienvenue. En cela, elle dit "se réjouir" d'avoir des "négociations équitables et efficaces" avec la partie russe.
"Nous devons empêcher la Russie d'attaquer les civils dans les villes ukrainiennes, de tuer des innocents. Nous devons arrêter les hostilités pour empêcher des catastrophes humanitaires", ajoute-t-elle.
Des négociations ont déjà été amorcées entre Moscou et Kiev sans pour l'instant donner de résultats concluants. Alors, à quoi est prête la partie ukrainienne pour que l'envahisseur russe s'arrête? Faudrait-il reconnaître la Crimée comme faisant partie du territoire russe? La région du Donbass?
Pour Yevhenia Filipenko, il y a là un piège. Si la négociation est nécessaire, elle ne doit pas se faire à n'importe quel prix et pour elle et le président Zelensky, aucun ultimatum ne serait acceptable.
"Une négociation sur une solution pacifique ne sera pas faite aux dépens de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de notre pays. Je pense que c'est quelque chose que chaque nation ferait. Nous ne céderons pas notre souveraineté, selon les frontières reconnues internationalement", détaille-t-elle.
"Il n'y a plus de russophones en Ukraine"
En Russie, l'une des raisons avancées pour procéder à l'invasion est que l'Ukraine aurait mis en danger les populations russophones, notamment dans l'est du pays. Yevhenia Flipenko estime que tout ce narratif sur cette soi-disante "protection des russophones" n'a jamais eu de sens.
Et d'ajouter: "Avec l'invasion russe le 24 février, il n'y a plus de russophones en Ukraine. Il y a des personnes qui parlent des langues différentes, mais des personnes qui défendent notre pays, l'Ukraine, contre l'invasion, l'occupation et les attaques russes".
Enfin, appelée à réagir aux propos de Gennady Gatilov, ambassadeur russe auprès de l'ONU qui avait affirmé lundi sur le plateau du 19h30 que la Russie "essayait de bombarder de façon très délicate" en Ukraine, l'ambassadrice tient à remettre les points sur les i.
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"Des milliers et des milliers de personnes ont été tuées et blessées, 121 enfants sont morts, plus de trois millions de personnes sont devenues des réfugiés (...) comme je l'ai dit lors d'une rencontre, en faisant appel aux diplomates russes, tout le monde a le choix dans sa vie: prendre position pour la paix et le bien, ou continuer à défendre le mal."
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Tristan Hertig