"Le gouvernement du Tigré s'engage à mettre en oeuvre une cessation des hostilités, effective immédiatement", ont indiqué les rebelles dans un communiqué publié vendredi matin. Ils ont appelé le gouvernement central à "prendre des mesures concrètes pour faciliter l'accès sans restrictions" à cette région du nord de l'Ethiopie où la faim menace (lire encadré).
Le gouvernement éthiopien du Premier ministre Abiy Ahmed avait décrété jeudi une "trêve humanitaire unilatérale", afin de permettre "la libre circulation de l'aide humanitaire, vers ceux ayant besoin d'assistance" au Tigré, où aucun convoi d'aide humanitaire n'est arrivé par la route depuis le 15 décembre.
Les rebelles se disent déterminés à "la réussite" du cessez-le-feu, tout en estimant que "lier des questions politiques et humanitaires est inacceptable". Ils assurent cependant qu'ils "feront de leur mieux pour donner une chance à la paix".
Grosse fatigue et préoccupations ailleurs
Interrogé dans le 12h30 de la RTS, Marc Lavergne, directeur de recherche émérite au CNRS en France, relève que les deux camps n'ont plus l'énergie de combattre aujourd'hui. "Il y a un épuisement des deux parties", a-t-il relevé.
Mais il y a surtout d'autres sujets de préoccupation, a-t-il relevé. Pour le gouvernement central, il s'agit d'essayer de maintenir l'unité de l'Ethiopie alors qu'elle est en train de partie en morceaux.
"Et les Tigréens, eux, se sont engagés dans une autre guerre, contre les Afars, pour le contrôle de la route qui mène de Djibouti jusqu'à Addis Abeba [et qui est] le cordon ombilical de l'Ethiopie", a-t-il ajouté. Pour Marc Lavergne, les Tigréens ne perdent cependant pas de vue l'objectif de mettre à bas le régime en place à Addis Abeba.
Le feu aux poudres en novembre 2020
Forces progouvernementales et rebelles du Tigré s'affrontent dans le nord de l'Ethiopie depuis qu'Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix l'année précédente, a envoyé l'armée fédérale déloger les autorités de la région en novembre 2020. Elle était gouvernée alors par le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), qui contestait son autorité depuis des mois.
Rapidement défaites, les troupes rebelles du TPLF ont ensuite, courant 2021, repris militairement le Tigré et le conflit s'est depuis propagé aux régions voisines de l'Amhara et de l'Afar.
oang avec afp
Six millions de personnes en "insécurité alimentaire"
Le Programme alimentaire mondial (PAM) estimait en janvier que 4,6 millions de personnes, soit 83% des quelque six millions d'habitants du Tigré, étaient en situation "d'insécurité alimentaire", tandis que deux millions souffraient d'une "pénurie extrême de nourriture".
Depuis mi-février, les opérations humanitaires au Tigré - où plus de 400'000 personnes ont été déplacées par le conflit - sont quasiment interrompues par les pénuries de carburant et de liquidités, selon l'ONU.
L'ONU a longtemps dénoncé un "blocus humanitaire de fait" du Tigré, dont le gouvernement et les rebelles se sont rejeté mutuellement la responsabilité.
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