Plus de 8000 membres des forces de sécurité birmanes, des chars, des camions transportant des missiles et des pièces d'artillerie ont défilé sur les gigantesques artères de Naypyidaw, capitale construite par l'ancien régime militaire au début des années 2000.
Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, en tenue d'apparat, a inspecté ses troupes depuis un 4x4 ouvert, tandis que des avions de combat survolaient la ville, arborant les couleurs jaune, rouge et vert du drapeau national.
La junte "ne négociera plus (...) et anéantira jusqu'au bout" les opposants, a déclaré le général qui a renversé la dirigeante civile Aung San Suu Kyi le 1er février 2021.
La Russie attendue mais absente
Le vice-ministre de la Défense de la Russie - important fournisseur d'armes et allié traditionnel des généraux birmans - avait assisté au défilé en 2021 et était à nouveau attendu cette année. Mais Alexander Fomin n'a pas pu venir en raison des "affaires de son pays", l'opération en Ukraine, a déclaré le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun.
La dernière journée de l'armée, le 27 mars 2021, avait été le théâtre de la répression la plus meurtrière depuis le coup d'Etat. Quelque 160 manifestants avaient été abattus ce jour-là par les forces de sécurité selon une ONG locale, l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP).
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Probables crimes contre l'humanité
La Birmanie a sombré dans le chaos depuis le putsch des généraux. Plus de 1700 civils ont été tués et près de 13'000 arrêtés d'après l'AAPP, l'ONU dénonçant de "probables crimes de guerre et crimes contre l'humanité".
Cette répression brutale a mis fin aux grandes manifestations pacifiques qui ont secoué le pays dans les premières semaines après le putsch.
Dimanche, seuls une douzaine de protestataires ont lancé des fusées éclairantes à Rangoun, la capitale économique, en scandant des slogans anti-junte, selon des images publiées sur les réseaux sociaux.
afp/oang
Plusieurs régions aux mains des milices citoyennes
Malgré la répression, de larges portions du territoire de la Birmanie échappent toujours au contrôle des généraux, quatorze mois après leur passage en force.
Des milices citoyennes secondées par des minorités ethniques ont pris les armes dans plusieurs régions et mènent des actions de guérilla contre le régime.
Mais les militaires ripostent. "Ces dernières semaines, de plus en plus d'informations font état du recours par l'armée à des frappes aériennes et à des armements lourds ayant causé aux civils des pertes en vies humaines et en biens", note Human Rights Watch dans un communiqué publié à l'occasion de la journée de l'armée.
Ces violences ont déplacé "plus de 500'000 personnes", d'après l'ONG qui déplore que la junte "bloque délibérément l'aide aux populations (...) en guise de punition collective".
La communauté internationale divisée
Les généraux birmans profitent des divisions de la communauté internationale.
D'un côté, les Etats-Unis ont annoncé vendredi de nouvelles sanctions, quelques jours après avoir officiellement qualifié de "génocide" les exactions menées en 2017 par les militaires birmans contre la minorité musulmane des Rohingyas.
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De l'autre, Pékin et Moscou poursuivent leur jeu trouble, continuant à fournir des armes (notamment des avions de chasse et des véhicules blindés) à la junte, d'après le rapporteur spécial des Nations unies Tom Andrews.