"Je dis à tous nos compatriotes: l'élection, c'est le meilleur moyen de porter ses choix (...) Allez voter et regardez le projet le plus proche de vos aspirations, quel qu'il soit", a déclaré Emmanuel Macron sur France 3. Il a appelé à "la mobilisation", alors que plane le risque d'une forte abstention sur le premier tour du 10 avril.
A la veille de l'ouverture de la campagne officielle, il a aussi de nouveau rejeté en bloc les critiques l'accusant de fuir le débat, dans une campagne asphyxiée par la crise du Covid-19 puis écrasée par la guerre en Ukraine. Avant un retour lundi sur le terrain à Dijon, il a notamment défendu son projet critiqué de porter l'âge de départ à la retraite à 65 ans en promettant "concertation" et "bienveillance".
Marine Le Pen "bousculée" tout en gardant sa position
Le président candidat est toujours donné en tête des intentions de vote au premier tour (28,5% selon un sondage Sopra-Steria publié samedi). Il s'est dit "choqué" par la perturbation de l'enregistrement en Guadeloupe d'un entretien de la candidate RN Marine Le Pen, donnée depuis des mois au second tour face à lui. Une "scène totalement inacceptable", a-t-il dit.
Les porte-parole de Marine Le Pen (17,5% selon SopraSteria) ont, eux, dénoncé les agissements de "militants d'extrême gauche" qui ont envahi le plateau de l'émission et ont "bousculé assez violemment" la candidate. Avec ce déplacement sans grand rendez-vous, Marine Le Pen cultive son recentrage, au grand dam du camp Macron qui y voit "un véritable risque".
>> Lire à ce sujet : La candidate Marine Le Pen chahutée lors d'une émission en Guadeloupe
Eric Zemmour en chute dans les sondages
Les propositions toujours plus radicales de son concurrent d'extrême droite Eric Zemmour contribuent à lisser l'image de Marine Le Pen. Elle joue aussi la contre-programmation, face au meeting voulu géant d'Eric Zemmour au Trocadéro à Paris, avec des dizaines de cars affrétés pour transporter des militants de Reconquête! venant de toute la France, pour tenter de conjurer son reflux dans les sondages, autour de 10%.
"Les sondages ne disent pas ce qu'on ressent sur le terrain. Marine Le Pen n'a aucune dynamique sur le terrain", a affirmé sur place à la mi-journée l'ancienne conseillère régionale RN lyonnaise Agnès Marion. Soutien d'Eric Zemmour, le souverainiste Philippe de Villiers a promis dans la matinée, dans une vidéo sur Twitter, le rassemblement en force de "la France du vote caché".
La nécessité d'un vote utile selon Jean-Luc Mélenchon
A gauche, le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, crédité de 12 à 15% dans les sondages, ce qui alimente ses espoirs de franchir le cap du premier tour, a également rassemblé des milliers de personnes, sur la plage du Prado à Marseille. Il a mis en garde contre un "second tour low-cost" entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. "Cette fois-ci vous le sentez comme moi, on ne sait pas pourquoi, tout d'un coup on s'est dit 'On va y arriver', de tous les côtés", s'est-il exclamé. Il a souligné la nécessité d'un vote utile auprès des électeurs de l'écologiste Yannick Jadot, de la socialiste Anne Hidalgo ou du communiste Fabien Roussel.
En meeting à Toulouse, Fabien Roussel a dénoncé le "programme commun" des "Macron, Zemmour, Le Pen" dicté, selon lui, "par le Medef", estimant qu'il était "temps que les cigares changent de bouche".
Yannick Jadot est pour sa part arrivé à vélo au Zénith de Paris avec l'objectif de relancer une campagne qui patine (6% dans les sondages) en réunissant 5000 personnes. Pour la candidate LR Valérie Pécresse (autour de 10% dans les sondages), qui souffre du Covid-19, dimanche a seulement été l'occasion d'une visioconférence avec des militants.
Dernière ligne droite
C'est pour tous la dernière ligne droite dans la course à l'Elysée, avec à partir de lundi l'entrée en vigueur des règles rigoureuses de la campagne officielle qui mettront médiatiquement les 12 candidats sur un pied d'égalité. Ceux sous les 3% d'intentions de vote ont toutefois encore protesté dimanche.
"L'équité, c'est un mot habile pour l'inégalité", a estimé Nicolas Dupont Aignan (Debout la France) sur France Inter, tandis que Jean Lassalle (Résistons!) appelait à "résister contre ce système féroce qui est une dictature molle". Nathalie Arthaud (LO) dénonçait un large "problème de pluralisme" dans la société au-delà même de cette campagne.
ats/aps
La guerre en Ukraine en toile de fond
La guerre en Ukraine, qui a obligé tous les candidats à se positionner alors que les sujets internationaux sont traditionnellement loin des préoccupations des électeurs lors d'une présidentielle, occupe par ailleurs encore les interviews dimanche.
Emmanuel Macron a mis en garde contre une "escalade des mots et des actions en Ukraine", après les propos du président américain Joe Biden qui a traité Vladimir Poutine de "boucher".
Marine Le Pen, qui insiste toujours sur les conséquences de la guerre sur le pouvoir d'achat des Français, a, elle, estimé sur France 3 que l'achat de gaz groupé par l'Union européenne n'était "pas pour faire des économies". Jean-Luc Mélenchon déplorait l'importation des Etats-Unis d'un gaz de schiste "anti-écologique".