Lors de sa visite en Europe en fin de semaine dernière, le président américain Joe Biden a annoncé que les Etats-Unis allaient augmenter leurs exportations de gaz liquéfié pour fournir l'Europe.
Et les regards se tournent notamment vers les couches de schiste situées dans l'ouest du Texas, qui représentent le plus grand champ pétrolier de la planète. Comparé à l'or noir, le gaz naturel qui sort de ces forages est souvent considéré comme un déchet peu rentable et peu valorisé.
Or, selon les calculs d'une ONG américaine, ces forages rejettent 1,4 milliard de tonnes de méthane dans l'atmosphère chaque année. Et en attendant le tournant énergétique, certains écologistes pensent que ce gaz pourrait être mieux valorisé.
En le captant, on pourrait produire entre 10% et 20% du gaz que l'Europe importe de Russie, selon certains spécialistes.
Jusqu'à 20% du gaz importé de Russie par l'UE
"On perd l'énergie énergie nécessaire pour plusieurs millions de ménages américains", relève Mark Brownstein (Environnemental Defense Fund) lundi dans La Matinale de la RTS.
"Et quand vous connaissez la taille des maisons aux Etats-Unis, c'est beaucoup. Cela représenterait entre 10% et 20% du gaz que l'Europe importe depuis la Russie, rien qu'en captant le gaz qui fuit aux Etats-Unis".
Une aide dans la lutte contre le réchauffement
Ces rejets de méthane du Texas font réchauffer la planète 80 fois plus que leur équivalent en CO2. "Quand on sort du méthane de l'atmosphère, c'est un pas important pour ralentir le réchauffement de la planète pendant notre vie et celle de nos enfants", souligne Mark Brownstein.
"C'est du gaz qui sort déjà de la terre, mais il nous échappe par des fuites quand il faut ventiler les forages ou quand on le brûle. Autant faire d'une pierre deux coups."
De nouvelles normes pour restreindre la pollution au méthane ont été proposées par l'administration Biden en novembre dernier. Mais il reviendra aux Etats américains de les faire respecter. Et au Texas, il n'y a qu'un inspecteur pour mille sept cents forages.
Un partenariat à bénéfice mutuel avec l'Europe
Pour Stephen Robertson, vice-président de la Permian Basin Petroleum Association (PBPA), faîtière du pétrole dans le bassin permien autour de la ville texane d'Odessa, la vente de gaz en Europe serait quoi qu'il en soit un partenariat à bénéfice mutuel.
"Avec le [pétrole] brut et le gaz produits ici, il n'y a pas d'agenda caché. Vous payez simplement le prix de vente. Cela ne vous engage à rien d'autre, contrairement au gaz russe", explique-t-il dans l'émission Tout un monde.
Depuis quelques années, des gazoducs relient le bassin permien au golfe du Mexique où des sites de production de gaz naturel liquéfié permettent de l'exporter vers l'Europe. Selon Stephen Robertson, ces réseaux permettront de valoriser un sous-produit encombrant de l'exploitation pétrolière.
Jordan Davis/oang