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Manuel Bessler: "En Ukraine, les belligérants s'en foutent du droit international humanitaire"

Manuel Bessler, membre de la Direction du développement et de la coopération (DDC) et chef du Corps suisse d'aide humanitaire. [Keystone - Georgios Kefalas]
L'invité de La Matinale - Manuel Bessler, ambassadeur et chef du Corps suisse d’aide humanitaire / L'invité-e de La Matinale / 9 min. / le 29 mars 2022
Manuel Bessler, chef du Corps suisse d'aide humanitaire, coordonne l'action de la Suisse en Ukraine. Invité mardi dans La Matinale, il explique que la sécurité de ses employés n'est pas garantie sur place par les belligérants et que ces derniers "s'en foutent" du droit international humanitaire.

"La guerre en Ukraine est une tragédie humanitaire (...) . Les civils paient le prix fort." Manuel Bessler, qui a travaillé pour le CICR en Israël, en Haïti, en Tchétchénie et en Irak, explique que le droit international humanitaire "n'est pas respecté" en Ukraine. "Les belligérants s'en foutent", lâche-t-il.

"Après trente ans de travail dans l'humanitaire, c'est frustrant et cela me met en colère. C'est d'autant plus difficile à accepter que c'est au milieu de l'Europe que cela se passe", ajoute-t-il. L'ambassadeur rappelle que même dans les guerres, il y a des règles: les Convention de Genève, ratifiées par 196 pays. "Le problème, c'est qu'on a un droit, mais qu'on n'a pas une police pour renforcer ce droit."

Les belligérants s'en foutent du droit international humanitaire

Manuel Bessler, chef du Corps suisse d'aide humanitaire

Pour l'instant, l'aide suisse - 80 millions de francs et 500 tonnes de matériel - se concentre dans les pays frontaliers de l'Ukraine. Car le problème principal du Corps suisse d'aide humanitaire est la sécurité sur le terrain. "Pour l'instant, tous les belligérants n'ont pas garanti la sécurité de nos collaborateurs", indique Manuel Bessler.

Neutralité de l'aide humanitaire

Il indique que ce n'est pas le mandat de l'aide humanitaire de nommer qui ne respectent pas les règles dans un conflit. "Vous devez être sur le terrain! Vous devez faire des investigations!", lance-t-il aux journalistes. "(...) Les avocats, la Cour international y travaillent." Il explique que l'aide humanitaire ne doit pas être politisée et "faire attention à ne pas être instrumentalisée" par l'une ou l'autre des parties.

Manuel Bessler observe des "sièges" comme au Moyen-Orient. Les habitants de Marioupol, une ville grande comme Zurich, sont bloqués: pas d'énergie, de nourriture, d'eau. "Il est extrêmement difficile d'acheminer l'aide humanitaire, même le CICR ne peut pas y accéder", déplore-t-il.

Propos recueillis par David Berger/vajo

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