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Percée dans les négociations russo-ukrainiennes, mais Washington demeure circonspect

La Russie affirme qu’elle va réduire "radicalement" son activité militaire en direction de Kiev et Tchernihiv
La Russie affirme qu’elle va réduire "radicalement" son activité militaire en direction de Kiev et Tchernihiv / 19h30 / 1 min. / le 29 mars 2022
Les pourparlers entre la Russie et l'Ukraine mardi à Istanbul ont été "substantiels" et ouvrent la voie à une rencontre entre les présidents Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, ont estimé les négociateurs des deux camps, des annonces toutefois accueillies avec circonspection par Washington et Londres.

Après trois heures de discussions au palais de Dolmabahçe à Istanbul, le chef de la délégation russe et représentant du Kremlin, Vladimir Medinski, a fait état de "discussions substantielles" et dit que les propositions "claires" de Kiev en vue d'un accord seraient "étudiées très prochainement et soumises au président" Vladimir Poutine.

Sommet Poutine-Zelensky?

Il a estimé qu'un sommet entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky serait possible en cas d'accord pour mettre fin aux hostilités. Depuis le début de l'invasion russe le 24 février, Moscou avait toujours écarté cette demande de Kiev.

Activité militaire russe réduite

Autre déclaration porteuse d'espoir après près de cinq semaines de conflit: le vice-ministre de la Défense russe Alexandre Fomine a annoncé que Moscou allait "réduire radicalement (son) activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv", dans le nord du pays.

Le ministre russe de la Défense a estimé que la Russie avait atteint son "objectif": "le potentiel militaire des forces armées ukrainiennes a été réduit de manière significative, ce qui permet de concentrer l'attention et les efforts sur le but principal, la libération du Donbass", a déclaré Sergueï Choïgou.

De son côté, le négociateur en chef ukrainien David Arakhamia a aussi estimé que les conditions étaient désormais "suffisantes" pour une rencontre au sommet entre les présidents Poutine et Zelensky.

>> Retrouvez le suivi de la journée : Poutine appelle les "nationalistes" ukrainiens à "déposer les armes" à Marioupol

Prudence de Washington et Londres

Mais le président américain Joe Biden a rapidement déclaré que les Occidentaux attendaient de voir si la Russie "tenait parole" sur la réduction de son activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv.

"On verra s'ils tiennent parole", a dit le président américain à des journalistes, peu après s'être entretenu avec les dirigeants français, britannique, allemand et italien. "Il semble y avoir un consensus sur le fait qu'il faut voir ce qu'ils ont à offrir".

Même tonalité à Londres, où un porte-parole du Premier ministre Boris Johnson a déclaré que Londres jugerait "Poutine et son régime sur ses actes, pas ses paroles".

Dans la soirée, le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby, a estimé que les forces russes autour de Kiev avaient entamé un "repositionnement" mais "pas un vrai retrait".

"Nous pouvons confirmer que nous avons vu un petit nombre" de troupes "commencer à se repositionner", a-t-il dit. Mais "nous devons être prêts à voir une offensive majeure contre d'autres zones d'Ukraine" et "cela ne signifie pas que la menace contre Kiev soit terminée".

>> Sébastien Faure, envoyé spécial, commente les annonces russes et décrit la situation sur place à Kiev :

Sébastien Faure, envoyé spécial, commente les annonces russes et décrit la situation sur place à Kiev
Sébastien Faure, envoyé spécial, commente les annonces russes et décrit la situation sur place à Kiev / 19h30 / 2 min. / le 29 mars 2022

Les signaux en provenance des négociations russo-ukrainiennes de mardi en Turquie sont "positifs", mais l'Ukraine n'a pas pour autant "l'intention de relâcher" ses efforts militaires, a déclaré de son côté le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

"Nous ne voyons pas de raisons de croire les paroles prononcées par les différents représentants d'un État (la Russie, ndlr) qui continue à se battre avec l'intention de nous détruire", a-t-il tempéré dans un message-vidéo posté sur Telegram.

L'Ukraine veut un "accord international"

La principale demande émanant de l'Ukraine consiste en un "accord international" pour garantir sa sécurité, dont seraient signataires plusieurs pays, dont les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, tous les quatre membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ainsi que cinq pays de l'Alliance atlantique (Allemagne, Canada, Italie, Pologne, et Turquie) et Israël.

"Nous voulons un mécanisme international de garanties de sécurité dans lequel les pays garants agiront de façon analogue à l'article 5 de l'OTAN (stipulant qu'une attaque contre l'un de ses membres est une attaque contre tous, NDLR) et même de façon plus ferme", a précisé le négociateur en chef ukrainien, David Arakhamia.

Neutralité

En échange, "si les garanties de sécurité fonctionnent", Kiev accepterait la "neutralité et le statut non-nucléaire" de l'Ukraine, deux exigences répétées par la Russie depuis longtemps.

La principale implication en serait l'abandon par l'Ukraine de ses aspirations à rejoindre l'OTAN, pourtant inscrites dans sa Constitution.

L'Ukraine "ne déploierait sur (son) territoire aucune base militaire étrangère", a ajouté un autre négociateur ukrainien, Olexandre Tchaly. Des exercices militaires pourraient néanmoins être organisés en Ukraine avec l'accord des pays garants.

Entrée possible dans l'UE

Kiev demande que cet accord international n'interdise en rien l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne et que les pays garants s'engagent à contribuer à ce processus.

La Crimée et le Donbass "exclus" de cet accord

Pour que ces garanties puissent prendre effet dans les plus brefs délais, la Crimée et les territoires du Donbass sous contrôle des séparatistes prorusses seraient "provisoirement exclus" de l'accord.

Kiev propose "15 ans" de pourparlers russo-ukrainiens séparés pendant lesquels les deux parties s'engageraient à "ne pas utiliser leurs forces armées pour régler la question" spécifique de la Crimée, annexée par la Russie en 2014.

>> Le sujet de Forum sur les négociations à Istanbul :

L'étau russe va-t-il se desserrer à Kiev?
L'étau russe va-t-il se desserrer à Kiev? / Forum / 6 min. / le 29 mars 2022

agences/cab

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Vladimir Poutine appelle à la reddition à Marioupol

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé mardi que les forces ukrainiennes défendant le port stratégique de Marioupol, assiégé depuis des semaines par les troupes de Moscou, doivent se rendre pour permettre de venir en aide aux civils sur place.

"Pour trouver une solution à la situation humanitaire difficile dans cette ville, les combattants nationalistes ukrainiens doivent arrêter de résister et déposer les armes", a indiqué Vladimir Poutine, selon un communiqué du Kremlin résumant un échange téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron.

Le Kremlin ajoute que les deux dirigeants ont évoqué les pourparlers russo-ukrainiens de mardi à Istanbul et les questions liées à la décision de Moscou d'exiger le paiement en roubles de ses exportations de gaz.

Volodymyr Zelensky veut maintenir les sanctions

La levée des sanctions occidentales contre la Russie "ne peut être envisagée qu'une fois la guerre terminée", a déclaré mardi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, quelques heures après une nouvelle session de pourparlers russo-ukrainiens en Turquie.

"Il ne faut pas s'attendre à ce que les négociations (entre Kiev et Moscou) entraînent la levée des sanctions contre la Fédération de Russie. Cette question-là ne peut être envisagée qu'une fois la guerre terminée et que nous aurons récupéré ce qui est à nous", a assuré Volodymyr Zelensky dans une vidéo postée sur Telegram.