La Chine fait face à sa pire flambée de Covid depuis le début de la pandémie. La forte contagiosité du variant Omicron complique la stratégie "zéro Covid", efficace jusqu'il y a peu, affirme la chercheuse française Carine Milcent.
La Chine compte entre 6000 et 7000 nouveaux cas par jour. Des chiffres qui peuvent sembler bas, à nos yeux, mais pour la Chine, qui mise sur la stratégie "zéro Covid" c'est beaucoup. Pas moins de 31 provinces sont touchées par les confinements, et la moitié de la capitale économique Shanghai, qui compte 26 millions d'habitants, est confinée. Et le spectre de Hong Kong plane, un Etat où la mortalité liée au virus explose depuis un mois.
>> Lire aussi : La moitié des 25 millions d'habitants de Shanghai confinés pour 4 jours
Pour la Chine, la stratégie "zéro Covid", avec des confinements stricts et à large échelle, risque d'être de plus en plus difficile à tenir. Carine Milcent, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), rappelle que la stratégie "zéro Covid" a fonctionné, car peu après l'éclatement de la pandémie, la population chinoise a pu reprendre une vie pratiquement normale.
Plus compliqué avec Omicron
Le variant Omicron étant beaucoup plus contagieux que celui d'il y a deux ans, "l'application de la stratégie 'zéro Covid' est plus compliquée", a expliqué, mercredi dans La Matinale, cette économiste et spécialiste des systèmes de santé. "Cette contagiosité est d'autant plus forte sur une population qui a été protégée du Covid".
Carine Milcent voit une autre explication aux contaminations actuelles: comme la population était protégée du Covid, la motivation pour la vaccination a été ralentie, notamment pour la population âgée, celle qui est le plus à risque. "La couverture vaccinale est insuffisante pour cette population, avec seulement 51% pour les plus de 80 ans pour la deuxième dose, et 20% pour la troisième dose", détaille cette spécialiste qui a vécu 10 ans en Chine.
Vaccin et médicament
Les autorités chinoises visent donc à relancer la vaccination, mais elles misent dans le même temps sur un second élément qu'elles n'ont pas encore, poursuit Carine Milcent: "Elles veulent utiliser un médicament de Pfizer, pour accompagner la vaccination pour les personnes les plus fragiles".
Pour la chercheuse, on ne peut pas comparer les situations de Hong Kong et de la Chine, car à Hong Kong, les confinements ont été moins stricts qu'en Chine, avec davantage de mouvements autorisés. "Ceci dit, ce qui se passe à Hong Kong est tout de même une alerte pour la Chine et la stratégie 'zéro Covid', avec des confinements stricts, ne peut pas être balayée d'un revers de la main".
Modèle moins strict
Pour Shanghai, Carine Milcent estime que la politique adoptée est une sorte de compromis, avec un confinement strict mais en même temps des mesures pour conserver l'activité économique, afin d'éviter de totalement enrayer le système.
"Cette politique permet de laisser le temps de vacciner la population fragile et d'utiliser le médicament de Pfizer pour ceux qui développeraient des formes graves". Ce modèle mixte est donc un peu moins strict que celui adopté jusqu'ici, conclut la spécialiste.
>> Le sujet du 19h30 sur les mesures Shanghai :
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz
Publié Modifié