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Accident électoral pas exclu au premier tour en France, estime Richard Werly

L'invité de La Matinale (vidéo) - Richard Werly, correspondant à Paris du journal Le Temps
L'invité de La Matinale (vidéo) - Richard Werly, correspondant à Paris du journal Le Temps / La Matinale / 10 min. / le 30 mars 2022
"Il y a un risque d'accident électoral au premier tour de la présidentielle française", estime le journaliste du Temps Richard Werly. Pour lui, si Jean-Luc Mélenchon se qualifie, ce serait tout autre chose que face à Marine Le Pen.

Selon les sondages, la qualification du président Emmanuel Macron pour le second tour ne semble pas faire de doute. Et pour l'instant, il a des chances tout à fait importantes d'être réélu, analyse Richard Werly, correspondant pour Le Temps, établi à Paris depuis 2014. "Mais l'accident électoral peut être pour la deuxième place. On s'attend, selon les sondages, à voir Marine Le Pen rééditer ce qu'elle avait fait en 2017, mais il est tout à fait possible qu'il en soit autrement", a-t-il affirmé mercredi dans La Matinale.

Le journaliste franco-suisse n'exclut pas une qualification d'Eric Zemmour, surtout s'il y a un grand niveau d'abstention. "On voit aussi la 'remontada' de Jean-Luc Mélenchon, et imaginez au second tour un duel politique entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, ce serait tout autre chose, à mon avis, que face à Marine Le Pen."

Doutes sur une victoire de Mélenchon

Richard Werly exprime toutefois de vrais doutes sur la possibilité de voir Jean-Luc Mélenchon devenir président, "parce que je crois, comme le disent un certain nombre d'observateurs, qu'Emmanuel Macron reste aujourd'hui le président du cercle de la raison. Il est celui pour lequel une bonne partie de l'électorat modéré centriste va finalement se porter".

"Mais les questions qu'un Jean-Luc Mélenchon pose aujourd'hui sur les inégalités, sur la nécessité d'une 6e République ou sur la démocratie directe, ce sont des questions sur lesquelles Emmanuel Macron aura de la peine à répondre, parce que ce sont quand même les sujets sur lesquels il a évité de répondre, ou n'a pas pu le faire parce qu'il y a eu la pandémie", détaille le correspondant du Temps en France.  

Désir de démocratie directe

S'agissant du thème de la démocratie directe, dans tous les sondages en France, lorsqu'on demande aux citoyens s'ils veulent plus de démocratie directe et de référendums, la réponse est massivement "oui", à hauteur de 70%, souligne Richard Werly.

Dès lors, pourquoi l'élite politique ne les entend-elle pas? "Parce que je crois que le système politique n'est pas capable aujourd'hui de digérer ce que serait ce séisme de la démocratie directe", répond le journaliste. "Parce qu'il faudrait accepter de composer avec les citoyens français et de les écouter, mais le système n'a pas été conçu pour cela. Il a été conçu pour les gouverner."

Pour le correspondant, il y a donc un vrai défi et un vrai changement d'époque à mesurer en France. Mais cet appel de la base qui consiste à dire "écoutez-nous, donnez-nous la parole" n'est pas pris en compte. Et de rappeler qu'Emmanuel Macron avait promis d'abaisser le nombre de signatures requises pour un référendum, "mais pour l'instant, on attend toujours".

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Jean-Philippe Rutz

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