Il y a bien encore quelques marches pour le climat, telles des réminiscences des grèves initiées par Greta Thunberg. Baptisées "Look up", en référence au film "Don't look up", métaphore de la crise climatique qui a cartonné sur Netflix, elles ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes le 12 mars dernier, selon les chiffres des organisateurs.
Et si l'on marche encore pour le climat en France, c'est surtout pour demander que l'urgence climatique soit mieux prise en compte par les prétendants à l'Elysée. Déjà absente avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la question écologique reste largement passée sous silence. Elle figure pourtant parmi les principales préoccupations de la population.
Accords de Paris non suivis
Aucun des programmes des candidates et candidats à la présidentielle ne remplit pleinement les objectifs des accords de Paris, relevait même mardi une analyse menée par Franceinfo et l'association Les Shifters. Pourtant, le ou la futur(e) président(e) devra prendre des décisions importantes face au réchauffement climatique. Son mandat s'achèvera en 2027, soit trois ans avant 2030, année où la France devra avoir réduit ses émissions de gaz à effets de serre de 40% pour tenir ses engagements.
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A 10 jours du premier tour fixé le 10 avril, l'action du gouvernement actuel est jugée insuffisante par de nombreux activistes qui espèrent encore des justifications de la part de l'Etat.
Les Verts à la traîne
Dans l'opposition, l'environnement reste traité à la marge. A l'extrême droite, Marine Le Pen et Eric Zemmour n'hésitent pas à critiquer le coût de certains projets. La candidate du Rassemblement national s'est même engagée à arrêter les projets éoliens en mer et sur terre. A gauche, le curseur est ailleurs. Seul Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise, a déclaré que "le climat est la question numéro un".
Avec son programme écologique, il parvient même à attirer dans ses rangs l'aile gauche d'Europe Ecologie-Les Verts, qui ne se reconnaît pas dans son candidat Yannick Jadot, plus mesuré, et crédité de 5 à 6% des intentions de vote à la présidentielle. De là à parler d'une erreur de casting?
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Yannick Jadot a beau se démener, mettre une cravate et arriver à vélo à ses meetings, il ne parvient pas à s'imposer sur la scène politique... comme tous les autres candidats écologistes avant lui.
"L'élection présidentielle, c'est très dur pour les Verts parce que c'est l'élection d'une personne à la tête d'un système qui incarnera le pays, qui concentrera les pouvoirs, et tout ça c'est très peu dans la culture verte", explique le politologue Pascal Perrineau.
La chasse et le nucléaire
Si le candidat écologiste n'arrive pas à s'imposer parmi les favoris, il ne parvient pas non plus à imposer des thèmes. Signe de cette difficulté à imposer son agenda, une des propositions de Yannick Jadot qui a le plus fait parler concernait la chasse.
Après un accident mortel, il avait appelé à ce que cette pratique soit mieux encadrée afin que "chacune, chacun puisse profiter de la nature le week-end et pendant les vacances scolaires en famille". De quoi provoquer un tollé parmi les chasseurs, un lobby extrêmement puissant en France et que les autres candidats - à l'exception de Jean-Luc Mélenchon - préfèrent garder dans leur camp.
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Même sur le sujet hautement sensible du nucléaire, relancé par Emmanuel Macron pendant sa présidence, les Verts n'arrivent pas à se faire entendre. Résultat: à l'heure où la question de l'indépendance énergétique de la France revient sur le devant de la scène, tout le monde s'accorde, à l'exception de la majorité de gauche, pour miser sur de nouvelles centrales.
L'atome garantit aujourd'hui 70% de l'électricité dans le pays et a l'avantage de ne pas émettre de CO2. C'est pour cela que le chef de l'Etat mise sur le nucléaire pour la transition énergétique française, une transition qui augure pour l'instant assez peu d'un autre monde.
Anne Fournier et Juliette Galeazzi