Le prix du gaz reste cependant libellé dans la devise des contrats en cours, soit le plus souvent en euros ou en dollars. "Ils doivent ouvrir des comptes en roubles dans des banques russes. Et de ces comptes, ils devront payer le gaz livré, cela dès demain", a déclaré le président russe à la télévision après avoir signé un décret en ce sens.
Il a ajouté qu'en cas de refus, "les contrats en cours seront arrêtés". "Si ces paiements ne sont pas effectués, on considérera que ce sera une infraction aux obligations de la part de l'acheteur, et cela aura toutes les conséquences qui s'imposent", a-t-il insisté.
Si ces paiements ne sont pas effectués, on considérera que ce sera une infraction aux obligations de la part de l'acheteur, et cela aura toutes les conséquences qui s'imposent
Vladimir Poutine a rappelé que cette mesure était une réponse au gel de 300 milliards de dollars des réserves en devises dont la Russie disposait à l'étranger, une sanction décidée par les Occidentaux en représailles à l'offensive russe en Ukraine.
La Suisse dans la liste des pays "inamicaux"
Moscou a publié début mars une liste de pays "inamicaux". Elle comprend notamment les Etats-Unis, les membres de l'Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon, la Suisse, Taïwan, la Corée du Sud, la Norvège et l'Australie. Les Etats de l'UE sont les principaux consommateurs de gaz russe.
Vladimir Poutine a insisté sur le fait que le paiement en roubles n'aurait aucun effet sur les volumes ou les prix, alors que ceux-ci sont formulés dans la plupart des contrats en devises étrangères.
De facto, comme l'avait expliqué le Kremlin jeudi matin, les consommateurs de gaz russe devront effectuer une opération de change en Russie. "Pour celui qui reçoit le gaz russe, qui paye les livraisons, il n'y a dans les faits aucun changement. Ils acquièrent juste des roubles pour le montant en devise qui est prévu dans le contrat", a souligné le porte-parole du Kremlin.
"La Russie reste fidèle à ses obligations contractuelles, en volume comme en prix", a-t-il dit, précisant que Vladimir Poutine et le chancelier allemand Olaf Scholz, ainsi que leurs conseillers, avaient discuté en détail du nouveau système la veille.
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"Préparatifs" à Paris et Berlin
Olaf Scholz a toutefois affirmé que les pays européens continueront de payer le gaz russe en euros et dollars. "Il est écrit dans les contrats que les paiements se font en euros et parfois en dollars", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse avec son homologue autrichien Karl Nehammer.
"J'ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi" et "les entreprises veulent pouvoir payer en euros et le feront", a ajouté le chancelier allemand.
Dans ce contexte, Berlin et Paris se "préparent" à un potentiel arrêt des importations de gaz russe, a souligné le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire à Berlin. "Il peut y avoir une situation dans laquelle demain, dans des circonstances très particulières, il n'y aura plus de gaz russe (...). C'est à nous de préparer ces scénarios-là, et nous les préparons", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec son homologue allemand Robert Habeck.
ats/vajo
Réduire la dépendance au gaz russe
Le gaz russe est crucial pour l'UE, qui cherche depuis le début de l'offensive de Moscou en Ukraine à trouver les moyens de se défaire de cette dépendance. La décision de passer à une facturation en roubles doit permettre à la Russie de soutenir sa monnaie nationale, chahutée par les sanctions, mais la privera d'une source de devises.
D'ores et déjà, la Russie oblige ses exportateurs, y compris Gazprom, à convertir 80% de leur chiffre d'affaires en roubles. Ces mesures et un taux d'intérêt directeur à 20% ont permis à la monnaie russe de se reprendre. Après avoir considérablement dévissé dans la foulée du début de l'offensive russe le 24 février, elle revient à des niveaux proches de ceux enregistrés avant l'assaut.