Modifié

Le chef du Parlement tunisien rejette sa dissolution par le président

Le chef du Parlement tunisien Rached Ghannouchi estime que la réunion de l'Assemblée était tout à fait légitime. [Hassene Dridi]
Le chef du Parlement tunisien rejette sa dissolution par le président / Le Journal horaire / 30 sec. / le 1 avril 2022
Le chef du Parlement tunisien Rached Ghannouchi a rejeté jeudi la décision du président Kais Saied de dissoudre l'Assemblée, affirmant qu'elle continuerait ses activités, pour sauver, selon lui, la démocratie dans le pays berceau du Printemps arabe.

"Nous considérons que le Parlement reste en activité", a déclaré le président dans une interview. Constitutionnellement, le président n'a pas le droit de le dissoudre". Mercredi, le président Saied a annoncé la dissolution du Parlement, huit  mois après l'avoir suspendu pour s'arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021.

"Cette décision est nulle et non avenue et elle est contraire à la Constitution. Elle s'inscrit dans la continuité des décisions prises depuis le 25 juillet que nous avons rejetées et considérées comme un coup d'État", a dit Rached Ghannouchi, également chef du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, principale force parlementaire et bête noire du président Saied.

Consultation populaire boudée

Après avoir suspendu le Parlement et limogé le gouvernement en juillet, Kais Saied a dissous en février le Conseil supérieur de la magistrature, une mesure qualifiée de nouvelle dérive autoritaire par ses détracteurs et qui a suscité des inquiétudes pour l'indépendance de la justice.

En décembre, il a dévoilé une feuille de route pour sortir le pays de la crise avec des élections prévues fin 2022 ainsi qu'un référendum sur des amendements constitutionnels en juillet, mais une consultation populaire en ligne qu'il a lancée pour recueillir des propositions a largement été boudée par les Tunisiens.

Réunion virtuelle contestée

Kais Saied a annoncé la dissolution de la chambre quelques heures après la tenue d'une réunion virtuelle de 120 députés, à l'appel d'une instance de direction du Parlement, bravant la suspension décidée en juillet.

Au cours de cette plénière, 116 députés ont voté pour annuler les mesures exceptionnelles prises par Kais Saied qui bloquent, selon eux, le processus démocratique et instaurent un pouvoir autoritaire dans le pays qui avait lancé le coup d'envoi du Printemps arabe en chassant l'ancien dictateur tunisien Zine el-Abidine ben Ali en 2011.

Enquête judiciaire ouverte

Le président Saied a qualifié cette réunion de "tentative de coup d'État, qui a échoué". Il a accusé les participants de "comploter contre la sécurité de l'État" et demandé à la ministre de la Justice Leila Jaffel d'engager des poursuites à leur encontre. Une enquête judiciaire a été ouverte jeudi contre les députés ayant participé à la séance en ligne, a indiqué le ministère de la Justice.

Plus de 30 députés ont reçu jeudi une convocation par la brigade anti-terroriste, a affirmé le chef du Parlement. "Traiter des députés élus comme des terroristes est dangereux", a-t-il estimé. La puissante centrale syndicale UGTT, qui avait critiqué la réunion virtuelle du Parlement, a favorablement accueilli jeudi sa dissolution, estimant qu'il était devenu un symbole de la "corruption politique" dans le pays.

afp/br

Publié Modifié

Pas d'élections législatives dans un délai de trois mois

La Tunisie n'organisera pas d'élections législatives dans un délai de trois mois, a déclaré tard jeudi soir le président Kais Saied lors d'une réunion avec la Première ministre Najla Bouden, selon une publication diffusée sur le compte Facebook de la présidence tunisienne.

Par ailleurs, Washington s'est dit jeudi "profondément préoccupé" par la décision du président tunisien de dissoudre le Parlement, en appelant à un retour rapide à un "gouvernement constitutionnel". 

Les Etats-Unis s'inquiètent également des informations selon lesquelles les autorités tunisiennes envisagent des mesures légales contre des membres du Parlement", a dit le porte-parole du département d'État américain lors d'une conférence de presse.