Face à lui, une alliance inédite de six partis, décidée à renverser le dirigeant de 58 ans. Accusé par Bruxelles de multiples atteintes à l'Etat de droit, ce dernier a muselé au fil de 12 années justice et médias, tout en prônant une vision ultra-conservatrice de la société.
Les bureaux de vote ont fermé à 19h00 après une forte affluence - le taux de participation se situait à 67,8% une demi-heure avant la clôture, un chiffre très proche du record de 2018.
En l'absence de sondages de sortie des urnes, les premières projections ne seront connues que plus tard dans la soirée. La plupart des enquêtes d'opinion confèrent un avantage au Fidesz, le parti au pouvoir, mais la bataille n'a jamais aussi été serrée et les analystes restent prudents.
Veste noire et visage déterminé, M. Orban a voté avec son épouse Aniko Levai en tout début de matinée, dans une école de la banlieue de Budapest, promettant une "grande victoire".
Médias publics à la botte d'Orban
Le chef de file de l'opposition Peter Marki-Zay, catholique et père de sept enfants, a glissé son bulletin dans l'urne en famille, après avoir assisté à la messe dans sa ville de Hodmezovasarhely (sud-est).
S'il garde espoir de l'emporter, le maire conservateur de 49 ans a dénoncé "des conditions injustes et impossibles" visant à permettre à son rival de "rester éternellement au pouvoir". Et de citer des médias publics à la botte du gouvernement - lui-même a eu droit à seulement cinq minutes d'antenne à la télévision publique, en tout et pour tout.
Le scrutin s'est tenu pour la première fois sous la surveillance de plus de 200 observateurs internationaux. Chaque camp a aussi déployé des milliers de bénévoles.
"Réductions d'impôts et aides"
Parmi les partisans du Fidesz, le parti au pouvoir, Zsuzsa Alanyi, décoratrice de 44 ans et mère de quatre enfants, saluait "les réductions d'impôts et aides" allouées aux familles.
Pour Agnes Kunyik, 56 ans, au contraire, "ils ont ruiné notre pays, ils l'ont détruit". "Nous voulons rester en Europe, nous voulons un Etat démocratique avec des dirigeants rationnels", a-t-elle dit à l'AFP.
20 à 30 circonscriptions indécises
La victoire de l'opposition semble acquise à Budapest, mais la bataille s'annonce plus compliquée dans les zones rurales. La clé se trouve dans 20 à 30 circonscriptions indécises, sur les 199 sièges du Parlement.
"MZP" a sillonné ces dernières semaines de long en large ces territoires, à l'écoute des habitants, dans l'espoir de battre en brèche la "propagande" du gouvernement.
A l'inverse, "Viktor Orban était invisible ou presque sur le terrain", souligne Andras Pulai, de l'institut de sondages Publicus proche de l'opposition.
Les 2 camps au coude-à-coude
La dernière enquête donnait les deux camps au coude-à-coude, quand d'autres confèrent un avantage au Fidesz. Mais du fait du système électoral, il faudrait que l'opposition "gagne de 3 à 4 points" pour décrocher une majorité au Parlement, rappelle l'expert. "Il est très difficile de prévoir l'issue du scrutin".
Surtout que le conflit en Ukraine voisine a totalement bousculé la donne. "La guerre a éclaté, et la guerre a tout changé", a résumé M. Orban vendredi au cours de son unique rassemblement de campagne. "Paix contre guerre", l'équation est simple à ses yeux.
D'un côté, son gouvernement qui refuse de livrer des armes à l'Ukraine et de voter des sanctions qui priveraient les Hongrois des précieux pétrole et gaz russes. De l'autre, une opposition qui serait belliqueuse.
Proximité avec Poutine
Si ce discours a fait mouche dans les campagnes, la proximité cultivée depuis 2010 avec l'agresseur, Vladimir Poutine, pourrait se retourner contre lui, souligne M. Pulai.
En votant pour l'opposition, Maria Rapcsak, 75 ans, veut justement "mettre fin à la politique corrompue pro-Poutine d'Orban", présenté sur les pancartes des meetings comme "un mini-Poutine".
ats/ami
Référendum sur la loi anti-LGBT+
Outre l'élection de leurs députés, les Hongrois étaient appelés à répondre à quatre questions en lien avec la récente loi interdisant d'évoquer auprès des moins de 18 ans "le changement de sexe et l'homosexualité".
Un référendum "malsain" pour les ONG, qui ont demandé aux électeurs d'"invalider" leurs bulletins en cochant deux cases au lieu d'une. C'est ce qu'a fait Regina, 25 ans, très remontée contre cette initiative faisant des LGBT+ "un ennemi".