En réponse aux atrocités découvertes à Boutcha, les pays occidentaux préparent de nouvelles sanctions contre l'économie russe et contre des représentants du gouvernement de Moscou ainsi que leurs familles. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a condamné une "hystérie occidentale" à propos de ces crimes de guerre présumés. Mais Moscou parlait déjà d'hystérie des Etats-Unis et de l'Europe à l'époque où il niait toute velléité d'envahir l'Ukraine.
Des habitants terrés pendant des semaines
Pour tenter de comprendre ce qui s'est passé à Boutcha, l'envoyée spéciale de la RTS s'est rendue dans la périphérie de la ville, loin du centre sur lequel se concentre aujourd'hui l'attention du monde. Maurine Mercier s'est retrouvée dans un quartier de petites rues familiales où les habitants se terraient encore: ils n'avaient vu personne depuis le retrait des troupes russes.
Dans un silence assourdissant, ils sont ressortis petit à petit en entendant des voix, assurant que personne de l'extérieur n'était encore arrivé dans leur quartier depuis le départ des troupes russes. Leurs témoignages terrifiants se mêlent à la vision de nombreux corps, parfois calcinés, qui jonchent rues, terrains et maisons.
Un gang de tout jeunes militaires désorganisés
Les soldats russes ont fait régner la terreur jusqu'à leur départ dans cette zone utilisée comme base arrière pour des tirs sur la localité voisine d'Irpin ou sur Kiev. Dans ces quelques rues, une cinquantaine de militaires très jeunes - peut-être 16 ou 18 ans, disent les témoins - semblent avoir fonctionné durant des semaines comme un gang plutôt que comme une armée, sans hiérarchie, sans organisation claire.
Les survivants racontent les exécutions sommaires, d'une balle dans la tête, les assassinats pour occuper les maisons, les violences gratuites comme une sorte de jeu. "Du sadisme", résume l'un d'entre eux.
Personne ne s'explique cet acharnement, mais tous tentent des hypothèses: il s'agit sans doute en partie de vengeance pour ces soldats qui n'arrivaient pas à avancer sur la capitale, stoppés par les forces ukrainiennes. On leur avait expliqué qu'ils seraient accueillis comme des libérateurs en Ukraine, rappelle un habitant de Boutcha. Or c'est l'inverse qui s'est passé, décuplant la frustration et la violence de ces jeunes soldats.
oang