"Je délègue de manière irréversible mes pleins pouvoirs à ce conseil présidentiel", a déclaré le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi dans une déclaration télévisée. Il n'est cependant pas encore sûr que le chef de l'Etat se retire entièrement de la vie politique. Il n'est pas impossible qu'il conserve un poste honorifique de président.
Ce nouveau conseil présidentiel sera composé de huit membres et sera dirigé par Rashad al-Alimi, ancien ministre de l'Intérieur et conseiller du président yéménite. Celui-ci, réfugié en Arabie saoudite depuis 2015, a également annoncé avoir limogé le vice-président Ali Mohsen al-Ahmar.
Cessez-le-feu et pourparlers
L'annonce du chef de l'Etat est intervenue au dernier jour des pourparlers sur le Yémen organisés par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) à Ryad, siège de cette organisation régionale, sans la présence des rebelles qui ont refusé tout dialogue en territoire "ennemi".
Un cessez-le-feu fragile est toutefois appliqué depuis samedi dernier. Cette trêve arrachée par l'ONU est entrée en vigueur au début du ramadan, mois du jeûne musulman, une lueur d'espoir pour les Yéménites.
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Dans un communiqué, les six pays du Golfe membres du CCG ont "salué" l'annonce d'Abd Rabbo Mansour Hadi.
Un pays en guerre civile depuis 2014
Le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, voisin de la puissante monarchie saoudienne, est dévasté par le conflit entre les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi et les Houthis qui ont pris en 2014 la capitale Sanaa (nord) et sont soutenus par l'Iran.
Rival de Téhéran, Ryad intervient depuis 2015 à la tête de la coalition anti-Houthis, sans réussir à empêcher la progression de ces derniers dans le Nord du Yémen.
La guerre au Yémen a causé l'une des tragédies humanitaires les plus graves au monde, faisant des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés, et poussant une grande partie de la population au bord de la famine.
afp/oang
Un président qui n'a jamais su s'imposer
Arrivé au pouvoir en 2012 avec 99,8% des voix dans une élection où il était le seul candidat, Abd Rabbo Mansour Hadi n'avait jamais réussi à s'imposer au Yémen.
Ayant fui le Nord après l'offensive des Houthis, il était contesté au Sud par ses alliés, les séparatistes qui l'accusent de corruption et de connivence avec les Frères musulmans.
En 2018, les séparatistes du Sud s'étaient même retournés contre les forces gouvernementales à Aden, devenue "capitale provisoire".
Acteurs clé de la coalition anti-Houthis, les Emirats arabes unis, particulièrement proches des séparatistes, aident l'Arabie saoudite à calmer la situation.
Mais pour nombre d'observateurs, Abou Dhabi ne pardonne pas à Abd Rabbo Mansour Hadi ses liens avec les Frères musulmans.