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A la rencontre du régiment Azov, accusé par la Russie d’être infesté de "néonazis"?

Rencontre avec la brigade Azov en Ukraine
Rencontre avec la brigade Azov en Ukraine / La Matinale / 4 min. / le 8 avril 2022
Le régiment Azov est régulièrement accusé par Vladimir Poutine d'être infesté de "néonazis". Mais d'où tirent leurs origines ces accusations, comment est né ce bataillon et qui sont ceux que le président russe qualifie de "nazis"? Eléments de réponses.

La "dénazification" de l’Ukraine est devenue l'argument principal de la propagande russe pour justifier l'invasion de l'Ukraine. Vladimir Poutine vise particulièrement le régiment Azov, fondé après l’annexion de la Crimée par Moscou, et intégré à la Garde nationale de l’Ukraine en 2014.

Interrogé vendredi dans La Matinale par l'envoyée spéciale de la RTS sur place, Slava rejette fermement le qualificatif de "nazi". "Les nazis que je vois, moi, ce sont les Russes qui sont en Ukraine. Ils tuent des enfants, des filles, des civils au cœur de l’Europe. C'est ça du nazisme", explique le commandant. Si l’homme refuse de donner le nombre exact de combattants appartenant au bataillon, leur contingent total est estimé à plusieurs milliers.

Sur la route de Kiev, le régime Azov construit une ligne de défense, constituée de bunkers, pour protéger les accès vers la capitale [RTS - Maurine Mercier]
Sur la route de Kiev, le régime Azov construit une ligne de défense, constituée de bunkers, pour protéger les accès vers la capitale [RTS - Maurine Mercier]

Les racines du mouvement

Le régiment Azov a été fondé par le nationaliste et politicien Andrei Bileitski, appartenant au mouvement néonazi. Le but à l'origine était de contrer les séparatistes russes au moment de l'éclatement de la guerre dans le Donbass, en avril 2014. Plusieurs formations armées d’extrême-droite sont apparues notamment à Kiev et Marioupol.

Mais l'arrivée progressive de nouveaux membres apolitiques a élargi le régiment au point que l'idéologie estampillée extrême-droite est devenue marginale. La force de cohésion du groupe est désormais définie comme étant un "ultranationalisme" alimenté par la volonté de défendre l'Ukraine des séparatistes prorusses et de la Russie. Certains dirigeants d’Azov reconnaissent toutefois toujours l'existence d'éléments extrémistes dans leurs rangs.

La question de la langue

Pour les membres du bataillon, la mise à distance avec la Russie passe aussi par le renforcement de l’usage de l'ukrainien comme langue nationale. En effet, le russe domine toujours la sphère publique dans les grandes villes du pays.

"Notre langue nationale, c’est l’ukrainien, donc tous les documents officiels, les communications devraient être en ukrainien", s’insurge le soldat. Et d'ajouter: "Pour moi, c’est incompréhensible que quelqu’un refuse d’apprendre l'ukrainien".

Slava, 37 ans, commandant dans le régiment Azov [RTS - Maurine Mercier]
Slava, 37 ans, commandant dans le régiment Azov [RTS - Maurine Mercier]

Pour le combattant, la guerre va encore durer quelques années. "On ne se pose pas la question de savoir si on va gagner ou non: soit on gagne, soit on meurt", confie l'Ukrainien qui n'exclut pas de franchir le sol russe, même si l'armée de Poutine se retire d'Ukraine. "Pourquoi devrions nous nous arrêter à la frontière, après tous les dégâts qu'on a subis?".

Une image positive

En ces temps de guerre, Azov bénéficie d’une image positive au sein de la population ukrainienne. Elle ne cherche d’ailleurs pas à savoir qui ils sont mais plutôt ce qu’ils font. En l’occurrence, un bataillon présent notamment à Marioupol, là où les combats sont les plus féroces.

Aux dernières élections législatives, le parti politique d'extrême-droite, lié à Azov, n’a fait que 2% des suffrages, soit moins qu’en France. Un élément qui contredit le discours de Vladimir Poutine.

Sujet radio: Maurine Mercier

Texte: Hélène Krähenbühl

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