Dans son édition de jeudi, le quotidien français Le Figaro a fait état notamment d'une vidéo publiée sur Telegram, montrant des militaires portant, pour certains, le brassard bleu des Ukrainiens. On y voit d'autres militaires au sol, des soldats russes apparemment, encore vivants mais qui sont achevés ensuite de sang-froid par les premiers.
Le New York Times a lui aussi évoqué ces images. Identifiées en sources ouvertes, elles auraient été tournées au nord du village de Dmytrivka à l'ouest de Kiev. L'agence de presse ukrainienne UNIAN, citée par Le Figaro, précise que l'unité russe concernée aurait été prise en embuscade à la fin du mois de mars alors que les Russes se retiraient de la région de Kiev.
L'appel de HRW aux autorités ukrainiennes
En fin de semaine dernière, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a exhorté les autorités ukrainiennes à enquêter sur de potentiels "crimes de guerre" envers les prisonniers russes. Elle a lancé cet appel après la diffusion d'images semblant montrer des soldats ukrainiens leur tirant dans les jambes.
Sur une vidéo diffusée quelques jours plus tôt, on peut voir trois hommes en treillis, les mains attachées dans le dos, jetés à terre depuis un fourgon par d'autres hommes armés, qui leur tirent dans les jambes.
Si l'authenticité des images n'a pas pu être établie de manière indépendante, l'AFP a géolocalisé la vidéo comme étant tournée dans le village de Mala Rogan, dans la région de Kharkiv (nord-est), repris en début de semaine par les forces ukrainiennes après une offensive.
Les journalistes de l'AFP qui ont pu se rendre à Mala Rogan le 28 mars ont vu les corps de deux soldats russes, un sac sur la tête, gisant dans l'une des allées du village, en grande partie détruit par les combats. Au moins deux autres corps ont été jetés dans un puits.
"Tirer dans les jambes est un crime de guerre"
"Si confirmé, passer à tabac et tirer dans les jambes de combattants capturés constituerait un crime de guerre", a indiqué HRW dans un communiqué publié le 31 mars. "L'Ukraine doit démontrer qu'elle est capable et désireuse de prévenir et de punir les violations graves du droit humanitaire international", a ajouté l'organisation.
Un conseiller de la présidence ukrainienne, Oleksiï Arestovitch, a reconnu sur Telegram que les abus sur les prisonniers constituent un "crime de guerre" et que de tels actes doivent être "punis". "Nous traiterons les prisonniers conformément à la Convention de Genève, quelles que soient vos motivations émotionnelles personnelles", a-t-il indiqué en s'adressant aux militaires.
"On doit toujours vérifier ce que font toutes les parties de la guerre. Chaque partie a des obligations dans la guerre, selon les Conventions de Genève", explique dans l'émission Forum Rachel Denber, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à HRW.
Pour authentifier les vidéos, principal matériau recueilli pour les enquêtes, l'ONG s'appuie sur la géolocalisation et sur l'expertise de médecins, notamment, explique encore Rachel Denber.
Dans un article (payant) évoquant les mêmes vidéos et les possibles crimes de guerre ukrainiens, le journal Le Monde relève que la présidence ukrainienne promet que les responsables seront traduits en justice mais que certains officiels ukrainiens sont plus ambigus.
A Moscou, Alexandre Bastrykine, directeur du Comité d'enquête russe (organe chargé des principales investigations criminelles dans le pays), a ordonné de lancer une enquête sur les abus présumés.
oang avec afp