Deux France sont sorties dimanche des urnes, note Le Temps. "La première, celle d'Emmanuel Macron, est ancrée dans sa volonté d'affronter l'avenir aux côtés de ses partenaires européens [...] La seconde, celle de Marine Le Pen, estime que l'heure est venue pour le président de réparer d'abord les fractures sociales du pays".
Préoccupations des Français négligées
Et pour gagner, Emmanuel Macron, "jugé hautain et arrogant" et "qui s'est permis de rester en surplomb" de la campagne du premier tour, "capitalisant sur un bilan plutôt solide et son statut de chef de la nation durant la crise du Covid[-19] et la guerre en Ukraine", va devoir cette fois-ci "descendre parmi la plèbe [...] et se confronter à ce qu'il a négligé: les préoccupations quotidiennes des Français, flambée des prix en tête", relèvent La Liberté et ses partenaires ArcInfo et Le Nouvelliste.
Ils voient "un second tour de tous les dangers" pour Emmanuel Macron, malgré ses quelque cinq points d'avance sur Marine Le Pen au premier tour.
Pour parvenir à ce résultat, Marine Le Pen a réussi un véritable exploit: "elle ne fait plus peur", relèvent la Tribune de Genève et 24 Heures. Elle "apparaît avant tout comme la candidate du pouvoir d'achat, proche de ceux qui voient flamber avec angoisse leur facture d'essence".
Forte poussée de la droite xénophobe
Le Courrier écrit que ce "remake du deuxième tour de l'élection présidentielle de 2017" est le "scénario du pire". "Au présage des récents sondages (...) plaçant [Emmanuel Macron et Marine Le Pen, ndlr] au coude à coude est venu s'ajouter ce constat: avec 31% des voix, la droite xénophobe obtient dix points de mieux que Marine Le Pen en 2017", constate le journal genevois.
"En face, le libéral Emmanuel Macron [...] n'a plus guère de réserve naturelle de voix", la républicaine Valérie Pécresse "ployant sous le vote utile", s'étant effondrée sous les 5%, poursuit Le Courrier. "Mathématiquement, le 'front républicain' auquel ont appelé les battus de gauche devrait suffire à faire barrage à l'extrême droite. Mais la politique n'est pas arithmétique. Marine Le Pen a le vent en poupe", avertit-il.
Une victoire de Marine Le Pen bonne pour Poutine
Et si Marine Le Pen gagne ce duel, ce qui "n'est pas inenvisageable", soulignent le Tages-Anzeiger, le Bund et la Berner Zeitung, "ce ne sera pas seulement une sensation politique pour la France. Une présidente française Le Pen ébranlerait durablement l'ordre international et renforcerait massivement la position de Vladimir Poutine".
Mais Emmanuel Macron reste le favori pour le second tour du 24 avril, même si la candidate du Rassemblement national "a de meilleures chances que lors de sa première défaite contre Emmanuel Macron il y a cinq ans", estiment l'Aargauer Zeitung, la St. Galler Tagblatt, la Luzerner Zeitung et la Südostschweiz.
Ce gain de popularité, elle le doit à son rival d'extrême droite Eric Zemmour, ajoute l'éditorialiste. "Par rapport à lui, la populiste semblait presque modérée. Même son affinité de longue date avec Vladimir Poutine n'a pas eu d'effet sur elle."
Pour la Neue Zuercher Zeitung, le président sortant "s'est bien battu. Il a pu dépasser son résultat de 2017, selon les projections. Il y est parvenu malgré une campagne minimaliste qui n'a guère enthousiasmé". Mais pour être réélu, prévient le journal zurichois, "il devra se montrer plus convaincant que jusqu'à présent", car son adversaire "a également progressé par rapport à il y a cinq ans".
ats/oang